Flore illustrée des Champignons d’Afrique centrale
Fascicule 6
Pluteus (Pluteaceae)
par E. Horak (juin 1978) : 105-118, pl. 17-19
Volvariella (Pluteaceae), compléments
par P. Heinemann (juin 1978) : 119-120, pl. 19
Planches
PLUTEUS (Pluteaceae)
par E. Horak
La présente étude repose essentiellement sur les récoltes de Pluteus, en provenance du Zaïre, conservées dans l’herbier du Jardin Botanique National de Belgique (BR).
La plus grande partie du matériel a été récoltée dans diverses régions du Zaïre, entre 1923 et 1955, par Mme Goossens-Fontana. Les exsiccatums sont généralement accompagnés d’aquarelles et de notes plus ou moins complètes prises sur le frais. Nous avons aussi pu examiner quelques récoltes plus récentes de D. Thoen.
En 1928, M. Beeli avait déjà publié, d’après le matériel disponible à cette époque, 8 espèces de Pluteus. La revision du matériel authentique nous a montré que seuls 3 taxons peuvent encore être retenus (Horak, 1977).
Des autres espèces, une a été synonymisée, une correspond à un Termitomyces tandis que les espèces restantes appartiennent au g. Volvariella (voir p. 119, Volvariella (supplément) et Pluteus vel Pluteaceae excludendae, p. 120).
La taxonomie moderne du g. Pluteus Fr. (Singer 1975) utilise encore aujourd’hui les critères découverts par Fayod (1889) et très généralement adoptés depuis.
La structure du revêtement piléique (cutis) fournit les caractères de détermination les plus importants. Trois sections en découlent: Celluloderma, Pluteus et Hispidoderma; ces sections peuvent souvent être reconnues macroscopiquement par un examen attentif, la surface du chapeau étant lisse, ridée, veinée, fibrilleuse ou squamuleuse.
Les trois sections sont représentées au Zaïre.
La structure et la localisation des cystides revêtent aussi une importance toute particulière pour la taxonomie du genre. Ainsi, par exemple, les cystides à crochets sont typiques de la sect. Pluteus. La mise en évidence des cheilocystides peut être difficile ou même impossible surtout sur matériel d’herbier mal conservé. Chez beaucoup d’espèces, les cheilo- et les pleurocystides sont identiques de forme mais diffèrent cependant par la taille et la pigmentation. Des caulocystides ne sont connues que chez quelques espèces et n’interviennent guère de ce fait dans la détermination des espèces.
Parmi les autres caractères, les suivants ont le plus de signification taxonomique:
— localisation des pigments dans les cellules du revêtement piléique;
— présence ou absence d’anses d’anastomose;
— forme et dimension des basidiospores.
Les renseignements concernant le substrat, que fournissent les récoltes de Mme Goossens et de D. Thoen, sont généralement trop fragmentaires pour qu’on puisse en tirer des conclusions particulières d’ordre écologique. La plupart des espèces reconnues se trouvent sur bois mort ou débris végétaux; pour les rares récoltes croissant à terre, il est difficile d’affirmer que ce substrat leur est caractéristique.
Un examen des données écologiques disponibles montre que les Pluteus du Zaïre se trouvent aussi bien dans des associations naturelles que dans des plantations (caféiers et/ou eucalyptus). Il serait intéressant de savoir si, dans ces biotopes artificiels, les Pluteus croissent sur bois mort de caféier ou d’eucalyptus ou bien s’ils sont saprophytes sur des débris ligneux provenant de la végétation autochtone précédant la plantation.
Au sujet de la distribution verticale des Pluteus au Zaïre, nous ne disposons que de données fragmentaires. Dans l’état actuel de nos connaissances, l’aire du genre s’étendrait du niveau de la mer à au moins 1650 m (Panzi, Kivu).
Le présent travail ne couvre certainement qu’une petite partie des espèces indigènes au Zaïre. Pegler (1977) signale en effet plus de 11 taxons, en Uganda et au Kenya, dont un seul est connu du Zaïre. Celà permettrait d’estimer à plus de vingt le nombre de Pluteus en Afrique centrale. Dans l’état actuel de nos connaissances, l’aire de dispersion de Pluteus pulverulentus (et éventuellement aussi de P. subcervinus = ? P. atricapillus var. ealaensis sensu Beeli) s’étend du Zaïre à l’Est africain. D’autre part, trois espèces zaïroises se retrouvent en dehors du continent africain, à Ceylan (P. conizatus var. conizatus) et en Amérique tropicale (P. albostipitatus, P. pulverulentus) .
Les noms vernaculaires et la comestibilité ne sont connues que dans un petit nombre de cas.
Les observations microscopiques ont été faites dans la potasse à 3 %.
Pluteaceae Kotlaba & Pouzar
Česká Myk. 26: 218 (1972)
Pluteaceae Fayod, Ann. Sc. Nat. Bot. VII 9: 363 (1889); Maire, Publ. Junta Cienc. Nat. Barcelona 1933: 89 (1933); Singer, Lilloa 22: 399 (1949).
Volvariaceae Roze, Bull. Soc. Bot. Fr. 23: 51 (1876); van Overeem, Bull. Jard. Bot. Buitenzorg 9: 13 (1927).
Volvarioideae Imai, Journ. Fac. Agr. Hokkaido Imp. Univ. 43: 153 (1938).
Carpophore charnu ou mince, normalement fragile, à chapeau régulier et à stipe central; voiles (anneau, volve) présents ou absents. Lamelles libres, ventrues, plus ou moins rosées dans les carpophores mûrs, à trame inversée. Sporée rosée. Spores amydaliformes, ellipsoides ou subglobuleuses, lisses, à membrane assez épaisse, inamyloïde. Cheilo- et/ou pleurocystides présentes. Revêtement piléique à hyphes cylindriques ou cellules vésiculeuses, à pigment intracellulaire. Anses d’anastomose présentes ou absentes. Lignicole ou terricole. Genre type: Pluteus Fr.
Synopsis des genres
1. Volve à la base du stipe, pas d’anneau; spores amygdaliformes ou ellipsoïdes; cheilo- et pleurocystides présentes, grandes; revêtement piléique à hyphes cylindriques ou fusoïdes; anses d’anastomose présentes ou absentes; lignicole ou terricole ................ Volvariella
1. Pas de volve:
2. Stipe avec anneau mobile .......... Chamaeota
2. Stipe sans anneau; spores subglobuleuses, rarement ellipsoïdes; cheilocystides et/ou pleurocystides présentes, à membrane mince ou épaisse; revêtement piléique à hyphes cylindriques ou à cellules vésiculeuses, à pigment intracellulaire; lignicole, occassionnellement terricole ........ Pluteus (p. 108)
Le genre Volvariella a été traité dans le fascicule précédent (p. 75-84) et en complément dans celui-ci (p. 119). Le genre Chamaeota n’est pas signalé au Zaïre; Annularia en est un synonyme, mais A. congolensis Beeli est un Macrolepiota (voir Pluteus vel Pluteaceae excludendae p. 120).
Pluteus fr.
Floram suecicam: 338 (1835)
Hyporrhodius (Fr.) Staude, Schwämme Mitteldeutschlands: XXVII (1857).
Rhodosporus Schroeter, Kryptog. Fl. Schlesien 3 (1): 617 (1889).
Caractères de la famille. Voiles nuls. Revêtement piléique celluleux ou à hyphes cylindriques ou fusoïdes; pigment toujours intracellulaire. Spores subglobuleuses ou ellipsoïdes. Cheilocystides et/ou pleurocystides présentes, quelquefois à membrane épaisse. Anses d’anastomose généralement absentes (présentes seulement dans la sect. Pluteus). Lignicole ou terricole. Régions tempérées, tropicales et subtropicales. Cosmopolite, sauf zones froides; plus répandu dans les zones intertropicales. Espèce type: Pluteus atricapillus (Secr.) Sing. (= Pluteus cervinus (Fr.) Kummer).
Synopsis des sections
1. Revêtement piléique formé de cellules subglobuleuses ou vésiculeuses, sans cystides métuloïdes; anses d’anastomose nulles ................. Celluloderma (p. 108)
1. Revêtement piléique formé de cellules cylindriques ou fusoïdes, couchées ou ± dressées; cystides minces ou métuloïdes; anses d’anastomose absentes ou présentes :
2. Revêtement piléique formé d’hyphes cylindriques ± couchées; anses d’anastomose présentes ou nulles; cystides dimorphiques: cheilocystides minces, claviformes ou subcylindriques, pleurocystides à paroi épaissie, fusiformes, couronnées de 1-4 épines; carpophores assez grands, fuligineux; stipe présentant souvent des fibrilles longitudinales brunes .................. Pluteus (p. 110)
2. Revêtement piléique formé d’hyphes et de cellules fusoïdes, souvent coniques vers le sommet, couchées ou dressées; anses d’anastomose nulles; cystides à paroi toujours mince ............... Hispidoderma (p. 112)
Sect. Celluloderma
Synopsis des espèces zaïroises
1. Chapeau -30 mm, brun ou bistre ± foncé; marge non striée; stipe blanc, fragile; revêtement piléique à cellules claviformes ou arrondies; cheilo- et pleurocystides vésiculeuses ou subfusoïdes, à membrane mince; spores 5,5-7 × 4,5-6 μm; lignicole et terricole ................ 1. P. pulverulentus
1. Chapeau -80 mm, jaune, jaunâtre verdâtre ou ocracé; marge, striée; stipe concolore au chapeau ou blanchâtre, lisse, tenace (!), revêtement piléique à cellules claviformes ou fusoïdes, obtuses; cheilocystides fusoïdes et pointues, à membrane épaisse vers le sommet; pleurocystides lagéniformes, à membrane mince, rarement épaissie; spores 5-6 × 4-4,5(5) μm; lignicole .................... 2. P. conizatus var. africanus
1. Pluteus pulverulentus Murr., North American Flora 10: 137 (1917). — Fig. 59, planche XVII/2.
Pluteus aethalus var. pulverulentus (Murr.) Dennis, Bull. Soc. Myc. Fr. 69: 153 (1953).
Chapeau 10-30 mm diam., conique puis étalé et obtusément mamelonné, enfin plan ou même subumbonné; revêtement non visqueux, brun ou bistre ± foncé, devenant plus clair avec l’âge, chagriné ou couvert de veines irrégulières obtuses; marge non striée. Stipe 20-40 × 2-4 mm, cylindrique ou un peu épaissi vers la base, blanc, lisse ou strié longitudinalement, sec, plein devenant creux; isolé ou groupés. Lamelles libres, assez ventrues, peu serrées, blanches puis rosâtres; arête concolore. Chair blanche, brunâtre sous le revêtement du chapeau, fragile; odeur et saveur nulles.
Spores 5,5-7 × 4,5-6 μm, ovoïdes, lisses. Basides 20-28 × 6-7 μm, 4- sporiques. Cheilocystides 30-55 × 10-33 μm, claviformes ou vésiculeuses, abondantes, à paroi mince, hyalines, sans pigment intracellulaire. Pleurocystides 45-60 × 13-45 μm, lagéniformes ou vésiculeuses, rares, hyalines, non pigmentées. Revêtement piléique à cellules claviformes ou vésiculeuses, 20-60 × 14-40 μm, formant un épithelium; pigment brun, intracellulaire. Anses d’anastomose nulles.
Habitat: Sur bois mort ou sur le sol nu, dans plantations de caféiers.
Distribution
Zaïre. — Lacs Edouard et Kivu: Panzi-Kivu, mai 1955, Goossens-Fontana 5506 et icon. — Haut-Katanga: Karavia, 10 km W de Lubumbashi, déc. 1971, Thoen 4931.
Afrique orientale (Pegler, 1977), Etats-Unis (Floride), Trinidad, Argentine (Singer, 1958).
Observations
1. La description est basée sur la récolte, en bon état et accompagnée de notes et d’une aquarelle, de Mme Goossens. Les échantillons de D. Thoen sont dépourvus de notes descriptives mais notre détermination n’est pas pour cela douteuse.
2. Pegler (1977) signale P. albolineatus (Berk & Br.) Sacc. (1887) d’Afrique orientale. Cette espèce est assez proche de P. pulverulentus mais s’en sépare en particulier par son chapeau crevassé et son stipe jaunâtre. P. albolineatus a été décrit originairement de Ceylan.
3. D’après nos connaissances actuelles, la distribution de P. pulverulentus est limitée aux régions tropicales d’Amérique ainsi qu’à l’Afrique centrale et orientale.
2. Pluteus conizatus (Berk. & Br.) Sacc, Syll. Fung. 5: 674 (1887).
Agaricus (Pluteus) conizatus Berk. & Br., Journ. Linn. Soc. 11: 535 (1871)
? Pluteus citrino-carnescens Hennings, Bot. Jahrb. 30: 54 (1902).
— var. africanus Horak, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 47: 89 (1977). — Fig. 60, planche XVII/3 a, b et c.
Chapeau 25-80 mm diam., d’abord conique puis campanulé-convexe ou étalé à centre mamelonné; revêtement jaune, jaunâtre verdâtre ou ochracé, pâlissant, sec, subhygrophane, parcouru de veines irrégulières, à cuticule séparable, tenace; marge striée et rosâtre. Stipe 30-70 × 2-7 mm, cylindrique, souvent épaissi à la base, concolore au chapeau ou plus pâle, pâlissant jusqu’au blanchâtre, lisse, plein puis fistuleux, sec, très tenace; isolé ou groupés. Lamelles libres, serrées, ventrues, blanchâtres ou jaunâtre pâle, devenant rosées, arête concolore. Chair blanchâtre, ferme; odeur nulle, saveur « légèrement amère ».
Spores 5-6 × 4-4,5(5) μm, subglobuleuses, lisses. Basides 20-25 × 4-5 μm, 4-sporiques. Cheilocystides 25-60 × 7-17 μm, abondantes, fusoïdes, à sommet pointu, hyalines, à paroi mince ou épaissie vers le sommet; pas de pigment visible. Pleurocystides 50-70 × 14-27 μm, assez fréquentes, lagéniformes ou subutriformes, hyalines, à paroi mince, rarement épaissie dans la région apicale. Revêtement piléique à cellules claviformes ou subfusoïdes, 10-25 × 5-8 μm, formant un épithélium, à paroi mince et hyaline; pigment jaunâtre, intracellulaire. Anses d’anastomose nulles.
Habitat: Groupés sur bois mort, dans la forêt sèche.
Distribution:
Zaïre. — Forestier central: Eala, juin 1924, Goossens-Fontana 357 et icon.; Binga, nov. 1927 et 1931, Goossens-Fontana 623 et icon. (holotype BR), 950 et icon. — Haut-Katanga: Kipopo, janv. 1972 et févr. 1973, Thoen 5250 et 5634.
Observations
1. Dans l’herbier de Mme Goossens on trouve de cette espèce, trois récoltes, qui ne sont malheureusement pas en très bon état. Chaque récolte est accompagnée d’une aquarelle.
2. Les récoltes de D. Thoen ne comportent pas de notes prises sur le frais mais l’identification du matériel n’a pas posé de problèmes parce que les caractères micrographiques de cette espèce sont uniques.
3. Pluteus conizatus var. africanus diffère de la var. conizatus de Ceylan (type K) par les cellules cuticulaires un peu plus petites; la morphologie des pleurocystides à paroi assez épaissie est aussi différente.
4. Cette espèce est distincte par sa couleur jaune, les veines proéminentes au centre du chapeau, la morphologie de l’épicutis, les cheilocystides fusoïdes à sommet pointu, les pleurocystides métuloïdes et la consistance assez tenace (voir aussi Singer, 1956: 156). Une telle combinaison de caractères ne se retrouve dans aucune autre espèce de Pluteus.
5. D’après nos observations, une autre variété (non encore publiée) de P. conizatus croît dans les forêts de la Nouvelle-Guinée.
6. L’espèce décrite est probablement assez répandue, non seulement au Zaïre, mais aussi dans toute l’Afrique centrale.
Sect. Pluteus
Synopsis des espèces zaïroises
1. Spores ellipsoïdes ou subcylindriques, 5-6(7) × 3-4 μm; pleurocystides 40-70 × 10-20 μm; anses d’anastomose nulles.................. 3. P. congolensis
1. Spores subglobuleuses, 6-8 × 5-6,5 μm; pleurocystides 55-85 × 12-25 μm, anses d’anastomose présentes ..................................... 4. P. atricapillus var. ealaensis
3. Pluteus congolensis Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 61: 80 (1928). — Fig. 61, planche XVIII/2 a, b et c.
Pluteus ealaensis Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 61: 80 (1928).
Chapeau 20-100 mm diam., convexe, convexe-mamelonné puis étalé ou même subombiliqué, charnu; revêtement non visqueux, fuligineux ou brun foncé, bistre pâle ou brunâtre et pâlissant avec l’âge, lisse-soyeux, glabre ou quelquefois verruqueux au centre; marge non striée. Stipe 40-100 × 4-10 mm, cylindrique, souvent épaissi vers la base (-20 mm diam.), blanc ou blanchâtre, soyeux, sec, souvent striolé vers la base, plein, devenant fistuleux; isolé ou groupés. Lamelles libres, très serrées, ventrues, blanchâtres puis rosées; arête concolore. Chair blanche, brunâtre sous le cuticule du chapeau, spongieuse; odeur nulle ; saveur de « mine de plomb ».
Spores 5-6(7) × 3-4 µm, ellipsoïdes ou subcylindriques, lisses, assez petites. Basides 20-30 × 5-6 μm, 4-sporiques. Cheilocystides 30-50 × 7-15 μm, claviformes, hyalines, à paroi mince; pas de pigment. Pleurocystides 40-70 × 10-20 μm, fusoïdes, couronnées au sommet de 1-3(4) épines aiguës, à paroi épaissie (-1,5 μm vers le sommet), hyalines ou colorées. Revêtement piléique à hyphes de 4-8 μm de diam.; articles terminaux cylindracés ou légèrement subfusoïdes; pigment brun intracellulaire. Anses d’anastomose nulles.
Habitat: Sur bois mort et pourri dans la forêt sèche.
Noms vernaculaires: Ifukia, Beloloko (Eala).
Distribution
Zaïre. — Forestier central: Eala, juill. et août 1923, Goossens-Fontana et 243 et icon. (holotype de Pl. ealaensis Beeli, BR), 273 et icon. (holotype BR); Karawa, avril 1924, Goossens-Fontana 412; Binga, nov. 1931, Goossens-Fontana 951 et icon.
Observations
1. La description est basée sur le matériel type et les trois collections additionnelles, toutes faites par Mme Goossens. Les quatre récoltes sont accompagnées de notes et d’aquarelles.
2. Cette espèce, macroscopiquement semblable à P. atricapillus var. ealaensis Beeli, est bien caractérisée par ses spores étroites ou même subcylindriques.
3. Les espèces les plus voisines sont P. angustisporus Sing. (1958: 206) d’Amérique du Sud (Bolivie) et P. aglaeotheles (Berk. & Br.) Sacc. (1887) de Ceylan.
4. P. ealaensis décrit dans la même publication que P. congolensis, en est un synonyme. Quant à la nomenclature, nous avons préféré l’épithète « congolensis » parce que « ealaensis » qualifie une variété de l’espèce voisine, P. atricapillus.
5. Il semble que P. congolensis soit assez répandu en Afrique centrale.
4. Pluteus atricapillus (Secr.) Sing. ap. Singer et Clemençon, Nova Hedwigia 23: 332 (1972).
— var. ealaensis Beeli, Bull. Soc. Roy Bot. Belg.. 61: 81 (1928) (ut P. cervinus var. ealaensis).- Fig. 62, planche XVIII/1 a, b, c et d.
Chapeau 30-90 mm de diam., convexe conique, largement campanulé, puis étalé-mamelonné, charnu; revêtement sec, fuligineux, brun sépia ou brun bistre, pâlissant avec l’âge, soyeux, garni d’un réseau de fibrilles radiales concolores, présentant parfois des petites écailles verruqueuses au centre, glabrescent; marge lisse. Stipe 35-100 × 3-10 mm, cylindrique, élargi et souvent courbé à la base, de même couleur que le chapeau ou blanchâtre, lisse ou garni de fibrilles brunâtres vers la base, soyeux, glabrescent, sec, plein devenant fistuleux; isolé ou groupés. Lamelles libres, très serrées, ventrues, blanchâtres, devenant rosées avec l’âge; arête concolore. Chair blanchâtre, brun pâle sous le revêtement piléique, spongieuse; odeur « âcre »; saveur « très amère ».
Spores 6-8 (8,5) × 5-6,5 μm subglobuleuses, lisses. Basides 25-30 × 6-7 μm, 4-sporiques. Cheilocystides 35-85 × 8-17 μm, abondantes, claviformes ou subcylindriques, hyalines, à paroi mince, pas ou très peu colorées; pigment brun, intracellulaire. Pleurocystides 55-85 × 12-25 μm, très abondantes, fusiformes, couronnées au sommet de 1-4 épines aiguës, à paroi épaissie (-3 μm, vers le sommet), hyalines. Revêtement piléique à hyphes cylindracées de 4-10 μm de diam., articles terminaux cylindracés ou coniques à l’apex, bruns par un pigment intracellulaire. Anses d’anastomose présentes.
Habitat: Sur bois mort, dans plantations de caféiers et dans la forêt sèche.
Usages: consommé par les Banza.
Noms vernaculaires: Losulu (Eala), Abanda (Banza à Binga).
Distribution
Zaïre. — Forestier central: Eala, août 1923, Goossens-Fontana 285 et icon. (holotype BR); Binga, nov. 1931 et févr. 1936, Goossens-Fontana 953 et icon. et 1036 et icon. — Lacs Edouard et Kivu: Panzi-Kivu, 1650 m, mai 1953, Goossens-Fontana 5273 et icon.
Observations
1. La description est basée sur le matériel type ainsi que sur les trois autres récoltes. Tout le matériel est en bon état.
2. Il faut souligner que le groupe de P. atricapillus (= P. cervinus Fr.) n’est pas encore suffisamment débrouillé. Plusieurs formes: espèces voisines et variétés de l’espèce-type ont été décrites des diverses parties du monde.
3. P. subcervinus Berk. & Br. (1871) de Ceylan a été retrouvé par Pegler (1977) en Afrique orientale. Une étude critique pourrait probablement démontrer que cette espèce et P. atricapillus sont en fait conspécifiques.
4. Macroscopiquement cette espèce ressemble à P. congolensis. Au point de vue microscopique, elle est bien caractérisée par ses grandes spores subglobuleuses et les hyphes de l’épicutis bouclées.
5. Paraissant assez commun au Zaïre, ce champignon croît exclusivement sur bois pourri, dans les associations forestières. A notre connaissance, c’est le seul Pluteus consommé localement.
Sect. Hispidoderma
Synopsis des espèces zaïroises
1. Chapeau (et stipe) orange, couvert d’écailles rugueuses concolores, -65 mm diam.; spores 5,5-6,5 × 4-4,5 μm; cheilocystides 40-85 × 15-35 μm, claviformes; sur bois pourri............... 5. P. aurantiopustulatus
1. Chapeau beige, gris, gris brun, brun bistre ou fuligineux:
2. Chapeau gris, gris beige ou alutacé, lavé de rosé; stipe blanc:
3. Base du stipe verdâtre-bleuâtre; chapeau -90 mm diam.; spores 6-8 × 5-6 μm, cheiloet pleurocystides lagéniformes; sur bois mort ........ 6. P. glaucotinctus
3. Base du stipe ocre; chapeau -80 mm diam., spores 5-6 × 4,5-5 µm; pas de cystides différenciées; sur bois mort .................... 7. P. griseoroseus
2. Chapeau brun foncé, sépia ou fuligineux, distinctement mamelonné; stipe blanc; cheilocystides claviformes:
4. Pleurocystides nulles; spores 6-7,5 × 5-6,5 µm; chapeau -60 mm diam.; sur sol nu ........ 8. P. phaeoleucus
4. Pleurocystides présentes; chapeau mince ou peu charnu, strié à la marge:
5. Chapeau -60 mm diam.; pleurocystides 40-100 × 12-30 µm, lagéniformes ou utriformes; spores (5)6-8 × (4,5)5-7 μm; sur bois pourri et sur le sol ........ 9. P. albostipitatus
5. Chapeau -60 mm diam.; pleurocystides 50-70 × 14-20 μm, fusoïdes et capitées au sommet; spores 6-7 × 5-6 µm, sur le sol .............. 10. Pluteus sp.
5. Pluteus aurantiopustulatus Horak, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 47: 88 (1977). — Fig. 63, planche XVII/6.
Chapeau -65 mm de diam., charnu, conique puis fortement mamelonné convexe ou ombonné étalé: revêtement sec, jaune vif à squamules rugueuses ± dressées, orange vif, plus denses au centre du chapeau; marge non striée. Stipe 40-70 × 5-10 mm, cylindracé à peine épaissi vers la base, concolore au chapeau ou plus pâle, sec, lisse, creux. Lamelles libres, ventrues, serrées, d’abord jaunes (?), puis rosé vif; arête concolore. Chair blanche et molle dans le chapeau, jaune et fibreuse dans le stipe; odeur et saveur nulles.
Spores 5,5-6,5 × 4-4,5 µm, ellipsoïdes, lisses, Basides non vues. Cheilocystides 40-85 × 15-35 µm, abondantes, largement claviformes, hyalines, à parois minces. Pleurocystides nulles. Revêtement piléique à hyphes et cellules fusoïdes, couchées ou ± dressées, à membrane mince, colorées par un pigment jaune (dans KOH), intracellulaire. Anses d’anastomose nulles.
Habitat: Epars sur bois mort, dans la forêt sèche.
Distribution
Zaïre. — Forestier central: Binga, nov. 1931, Goossens-Fontana 947 et icon. (holotype BR).
Observations
1. La description est basée sur le seul exsiccatum, malheureusement en mauvais état, ainsi que sur les observations et sur l’aquarelle de Mme Goossens.
2. Dans le genre Pluteus, la couleur orange existe chez plusieurs espèces de la sect. Celluloderma comme P. coccineus, P. caloceps ou Pl. laetifrons. A notre connaissance, P. aurantiopustulatus est la première espèce de la sect. Hispidoderma présentant cette couleur.
3. L’espèce semble rare, elle n’est connue que par le seul carpophore de la récolte type.
6. Pluteus glaucotinctus Horak, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 47: 88 (1977). — Fig. 64, planche XVII/5 a et b.
Chapeau -90 mm de diam., peu charnu, convexe, largement mamelonné puis étalé ou même déprimé au centre; revêtement sec, beige, gris ou alutacé, présentant une teinte olivâtre au sommet chez les carpophores jeunes, pâlissant avec l’âge, lisse, glabre; marge un peu striée. Stipe 50-150 × 5-10 mm, cylindracé ou un peu épaissi vers la base, de même couleur que le chapeau au sommet ou blanchâtre, d’un joli vert-bleu à la base, soyeux, sec, plein puis creux. Lamelles libres, serrées, ventrues, blanchâtres devenant rosées; arête concolore. Chair blanche dans le chapeau et dans la partie supérieure du stipe, verdâtre-bleuâtre à la base; odeur et saveur peu distinctes.
Teinture de gaïac: lent, verdâtre; sulfate ferreux: rapide, gris verdâtre; gaïacol et phénol: nul.
Spores 6-8 × 5-6 μm subglobuleuses à ovoïdes, lisses. Basides 24-30 × 6-8 μm, 4-sporiques. Cheilocystides 30-60 × 7-18 μm, claviformes ou fusoïdes, abondantes, à paroi mince, hyalines; pigment brunâtre intracellulaire. Pleurocystides 45-70 × 15-23 μm, utriformes ou largement lagéniformes, hyalines, à paroi mince, non colorées. Revêtement piléique à hyphes cylindracées, de 5-8 μm de diam., arrondies au sommet, dressées ou couchées; pigment brunâtre intracellulaire. Anses d’anastomose très rares, aux cloissons des hyphes cuticulaires.
Habitat: Sur bois mort, dans des plantations de caféiers et d’eucalyptus et dans la forêt sèche.
Distribution
Zaïre. — Lacs Edouard et Kivu: Panzi-Kivu, 1650 m, févr. 1950 et mai 1953, Goossens-FoNtana 5112 et icon. et 5274 et icon. (holotype BR). — Haut-Katanga: Kipopo, nov. 1972, Thoen 5546.
Observations
1. La description est basée sur les trois récoltes ainsi que sur les notes et les aquarelles les accompagnant.
2. Cette espèce est facile à reconnaître à la couleur bleu vert de la base du stipe.
3. P. glaucotinctus n’est pas apparenté aux autres espèces de Pluteus présentant des couleurs semblables qui, sans exception, appartiennent à la sect. Pluteus (voir Singer 1958, Horak 1964).
4. Ce champignon paraît répandu au Zaïre. Pegler (1977) ne le signale pas en Uganda ni au Kenya.
7. Pluteus griseoroseus Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 61: 81 (1928). — Fig. 65, planche XVII/4.
Chapeau -80 mm de diam., charnu mince, étalé, légèrement proéminent au centre; revêtement glabre, brunrosé, grisâtre au centre; marge sillonnée. Stipe 50-60 × 3-4 mm, cylindracé, épaissi vers la base, plein, blanchâtre, ocre à la base, glabre, sec. Lamelles libres, serrées, ventrues, rosées; arête concolore. Chair blanche.
Spores 5-6 × 4,5-5 μm, subglobuleuses, lisses. Basides 20-24 × 5-7 μm, 4-sporiques. Cheilo- et pleurocystides nulles. Revêtement piléique à hyphes cylindracées de 10-20 μm de diam., arrondies vers l’extrémité, formant un cutis; pigment brun intercellulaire. Anses d’anastomose nulles.
Habitat: Sur bois mort dans la forêt.
Nom vernaculaire: Efambe.
Distribution
Zaïre. — Forestier central: Eala, oct. 1923, Goossens-Fontana 322 et icon. (holotype BR).
Observations
1. La description est basée sur l’aquarelle d’un seul carpophore adulte. Malheureusement l’exsiccatum est moisi, en mauvais état.
2. L’espèce est de ce fait imparfaitement connue.
8. Pluteus phaeoleucus Horak, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 47: 89 (1977). — Fig. 66, planche XIX/1 a et b.
Chapeau -60 mm de diam., conique, largement mamelonné au centre convexe puis mamelonné ou étalé; revêtement sec, brun foncé ou fuligineux, pâlissant avec l’âge, lisse; marge peu striée. Stipe 50-90 × 3-8 mm, cylindracé, peu ou pas épaissi vers la base, blanc, lisse ou soyeux, sec, plein devenant creux; isolé ou groupés. Lamelles libres, ventrues, serrées, blanches, puis rosées; arête concolore. Chair blanche, brune sous la cuticule du chapeau, spongieuse; odeur de champignon; saveur « poivrée, très piquante ».
Spores 6-7,5 × 5-6,5 μm, subglobuleuses, lisses. Basides 22-30 × 7-8 μm, 4-sporiques. Cheilocystides 30-55 × 8-25 µm, claviformes, hyalines, à paroi mince. Pleurocystides nulles. Revêtement piléique à hyphes couchées de 5-16 μm de diam., articles terminaux cylindracées ou légèrement fusoïdes; un pigment brun intracellulaire. Anses d’anastomose nulles.
Habitat: Sur sol sableux dans plantations de caféiers ou dans la forêt à Gilbertiodendron dewevrei.
Distribution
Zaïre. — Forestier central: Binga, nov. 1931, Goossens-Fontana 955 et icon. — Lacs Edouard et Kivu: Panzi-Kivu, déc. 1949, Goossens-Fontana 5102 et icon. (holotype BR).
Observations
1. La description est basée sur le matériel type et sur l’autre récolte. Dans les deux cas, des notes détaillées accompagnent les aquarelles de Mme Goossens.
2. Macroscopiquement cette espèce ressemble aux P. congolensis et P. atricapillus var. ealaensis de la sect. Pluteus.
3. P. phaeoleucus est très voisin de P. albostipitatus dont il n’est séparable qu’à l’aide du microscope (voir synopsis).
4. D’après notre information actuelle, ce Pluteus croît sur le sol nu et non sur bois pourri comme la plupart des autres espèces zaïroises.
9. Pluteus albostipitatus (Dennis) Sing, ex Sing., Lloydia 21: 240 (1958). — Fig. 67, planche XIX/2 a, b et c.
Pluteus spilopus var. albostipitatus Dennis, Bull. Soc. Myc. Fr. 49: 195 (1953).
P. albostipitatus (Dennis) Sing, ad int., Trans. Brit. Myc. Soc. 39: 184 (1956).
Chapeau -60 mm de diam., conique puis mamelonné convexe ou ombonné étalé, à centre toujours proéminent; revêtement sec, brunâtre, brun foncé ou pâle fuligineux, lisse ou soyeux; marge striée. Stipe 40-75 × 3-6 mm, cylindracé, non épaissi à la base, blanc, lisse, fragile, plein devenant creux; isolé ou groupés. Lamelles libres, ventrues, serrées, blanchâtres devenant rosées; arête concolore. Chair ferme, blanche, brunâtre sous la cuticule du chapeau; odeur « âcre »; saveur de radis.
Spores (5)6-8 × (4,5)5-7 μm, subglobuleuses, lisses. Basides 20-30 × 7-9 μm, 4-sporiques. Cheilocystides 40-95 × 6-18 μm, claviformes, hyalines, à paroi mince, colorées parfois par un pigment brunâtre intracellulaire. Pleurocystides assez fréquentes, 40-100 × 12-30 μm, lagéniformes, hyalines, à paroi mince. Revêtement piléique à hyphes couchées de 3-12 μm de diam.; articles terminaux cylindracés et arrondis à l’apex; pigment brun plasmatique. Anses d’anastomose nulles.
Habitat: Sur le sol et sur bois mort et pourri, dans la forêt sèche.
Nom vernaculaire : Losalanga (Eala).
Distribution
Zaïre. — Forestier central: Eala, juill. 1923, Goossens-Fontana 245 et icon.; Binga, nov. 1929, Goossens-Fontana 888 et icon. — Lacs Edouard et Kivu: Panzi-Kivu, 1650 m, mars 1954, Goossens-Fontana 5374.
Trinidad, Bolivie, Argentine.
Observations
1. La description est basée sur trois récoltes provenant de trois localités. Il semble donc que cette espèce soit assez répandue dans ce pays ainsi que probablement dans toute l’Afrique centrale.
2. Notre détermination est douteuse car les récoltes zaïroises, bien qu’illustrées par des aquarelles, sont dépourvues de notes prises sur le frais. En outre, l’exsiccatum du n° 888 est moisi et ne nous a livré que peu de renseignements.
3. D’après la clé de Singer (1958), le champignon zaïrois apparaît comme très voisin sinon identique à P. albostipitatus tel que cet auteur le décrit des régions tropicales d’Amérique du Sud.
4. La présence de pleurocystides, la marge striée du chapeau et l’habitat sur bois pourri (mais aussi sur sol nu!) sont des caractères qui aident à séparer ce taxon de P. phaeoleucus. Les deux espèces sont assez répandues au Zaïre. Actuellement on ne peut exclure la possibilité que des recherches plus poussées puissent montrer que les deux champignons séparés sont en réalité conspécifiques.
Espèces douteuses
10. Pluteus sp. — Fig. 68.
Description d’après exsiccatums
Chapeau -30 mm de diam., fortement mamelonné-convexe, fuligineux. Stipe -70 × 40 mm, cylindracé, blanc. Lamelles libres, rosées; arête concolore. Chair à couleur, odeur et saveur inconnues.
Spores 6-7 × 5-6 μm, subglobuleuses, lisses. Basides 25-30 × 7-9 μm, 4-sporiques. Cheilocystides 40-60 × 11-17 μm, claviformes, hyalines, à paroi mince, non pigmentées, abondantes. Pleurocystides 40-70 × 14-20 μm, fusoïdes, capitées arrondies au sommet, à paroi mince, hyalines; pas de pigment décelable. Revêtement piléique à hyphes cylindracées de 5-8 μm de diam., articles terminaux coniques à l’extrémité; pigment brun plasmatique. Anses d’anastomose nulles.
Habitat: Sur le sol dans plantations de pins.
Distribution
Zaïre. — Haut-Katanga: Kipopo, 1250 m, janv. 1972, Thoen 5263.
Observations
1. La description est basée uniquement sur l’exsiccatum.
2. Malheureusement, cette récolte n’est accompagnée d’aucune note prise sur le frais mais comme les caractères micrographiques sont remarquables, notamment les pleurocystides, nous croyons utile d’en donner la description car il s’agit probablement d’une espèce nouvelle.
11. Pluteus pelinus auct. non Berk. & Br., Journ. Linn. Soc. 11: 535 (1871).
Il existe sous ce nom dans l’herbier de BR une récolte de A. DewÈvre (n° 61, janv. 1896), à Coquilhatville (actuellement Mbandaka), sur tronc pourri. La détermination est probablement de Bresadola; le matériel est en trop mauvais état pour être déterminable. L’étude que nous avons faite du type de P. pelinus (K) montre que ses spores ne correspondent pas avec celles du champignon zaïrois. Dans l’état actuel de nos connaissances, il faut donc supprimer P. pelinus de la flore zaïroise.
BIBLIOGRAPHIE
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VOLVARIELLA (Pluteaceae)
(Compléments)
par P. Heinemann
Lors de l’étude des Pluteus de la collection Goossens, par notre collègue E. Horak, il s’est avéré que plusieurs récoltes représentaient, en réalité, des Volvariella où la volve était passée inaperçue. C’est ce matériel qui nous permet de compléter notre étude parue ici même en 1975.
Dans les sept récoltes ainsi récupérées, nous avons reconnu trois espèces: deux signalées au Zaïre, mais dont nous ne possédions pas de représentation en couleur, et une espèce nouvelle pour la science.
Les trois espèces sont à grandes spores et chapeau visqueux, donc proches parentes. Le synopsis de la p. 75 doit être modifié comme suit:
1. Spores > 11 × 7 μm:
2. Chapeau visqueux:
2 bis. Chapeau blanc, blanchâtre ou jaunâtre:
3. Cystides présentes ...... 1. V. speciosa
3. Cystides nulles ou rares ................ 2. V. acystidiata
2 bis. Chapeau franchement brun ............. 1 bis. V. insignis
2. Chapeau sec ou subvisqueux ........ 3. V. earlei
Nous reprenons ci-après les V. speciosa, insignis et earlei.
1. Volvariella speciosa (Fr. ex Fr.) Sing., Lilloa 22: 401 (1951) - Planche XIX/3.
Chapeau 8 cm de diam., assez épais au centre, mince à la marge, étalé mamelonné; revêtement visqueux par temps humide, ocracé pâle. Stipe énucléable, 15 cm × 9 mm, 16 mm à la base, cylindracé, progressivement un peu élargi à la base, plein; revêtement lisse, blanc jaunissant; volve courte, appliquée, non observée sur le frais. Lamelles larges, arrondies aux extrémités, libres, séparées du stipe par une vallécule, inégales, serrées, rose ocracé. Chair ferme, blanche, jaunissant à la coupe dans le stipe; saveur de rave. Sporée rose ocracé foncé. Exsiccatum jaune ocracé; efflorescences fines et abondantes sur toutes les parties.
Teinture de gaïac: revêtements, intense et rapide. Gaïacol: chapeau, nulle; stipe, rougeâtre, lent, Sulfate ferreux, phénol: nul.
Spores 13-16,5 × 7,6-8,8 μm, ellipsoïdes, pâles sous le microscope; paroi assez épaisse; endospore épaissi au niveau de l’apicule; périspore à déhiscence membraneuse. Basides 4-sporiques, 37-44 × 11,5-13,5 μm. Cheilocystides largement lancéolées, 60-70(90) × 17-31(40) μm à sommet souvent étroitement apiculé par un prolongement cylindracé ou ± capité de 3-10 μm de long. Pleurocystides peu abondantes, 110 × 23 μm par ex. Revêtement piléique à hyphes gélifiées sur une épaisseur de 100 μm env.
Distribution (complément)
Zaïre. — Lacs Edouard et Kivu: Panzi, sur le sol, plantation d’eucalyptus, déc. 1951, Goossens-Fontana 5197 et icon.; id., Lwiro, forêt d’Hagenia, oct. 1953, Goossens-Fontana 5305.
Probablement cosmopolite.
Observations
1. La description ci-dessus est exclusivement basée sur la récolte 5197 qui est accompagnée de notes copieuses et que notre collègue E. Horak a également examinée. Elle complète heureusement la description de la p. 76. Les divergences entre les deux descriptions concernent principalement la couleur, blanche d’un côté, ocracé clair de l’autre, le jaunissement non observé dans la récolte du Shaba et la forme des cheilocystides dont l’étirement apical est beaucoup plus réduit pour cette récolte.
2. A l’occasion de cette récolte, nous avons remarqué un certain épaississement de l’endospore au niveau du tractus apiculaire qui de ce fait est très visible, surtout après coloration au bleu coton. Ce caractère semble être commun à toutes les espèces à grands spores car nous l’avons aussi observé sur les espèces suivantes.
1 bis. Volvariella insignis Heinem., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 48: 239 (1978). — Planche XIX/4.
Chapeau 5-7 cm diam., épais au centre, mince vers la marge; campanulé puis convexe étalé à centre mamelonné; revêtement fibrilleux, brun, visqueux, à mince pellicule translucide séparable; marge striée. Stipe 9-13 cm × 5-6 mm, élancé, cylindracé, assez brusquement bulbeux à la base qui mesure 12-14 mm de diam., plein; revêtement soyeux, blanc ou lavé de jaunâtre; volve blanche, assez courte, appliquée. Lamelles rose cacao, serrées, assez larges, arrondies aux extrémités, écartées du stipe par une vallécule arrondie. Chair ferme, blanche; saveur forte, terreuse, de rave. Sporée saumon brunâtre. Exsiccatum: chapeau brun clair à brun foncé, plus foncé au centre; stipe et lamelles brun clair; volve blanchâtre; efflorescences de petite taille, sur le chapeau.
Gaïacol: lent, rosé dans le chapeau, pourpre foncé dans le stipe. Pyrogallol lent, brunâtre dans le chapeau et le stipe. Teinture de gaïac, sulfate ferreux, phénol: nul.
Spores (10,2)11,3-13,5 × (6,2)7,2-7,9 μm, rose pâle, ellipsoïdes ou à peine ovalaires, à paroi assez épaisse, non amyloïde; endospore épaissi au niveau du canal apiculaire. Basides 4-sporiques (peut-être parfois aussi 2-sporiques), piriformes, 34-39 × 11,7-13,5 μm. Cheilocystides abondantes, largement lancéolées, à sommet un peu étiré subcapité, 55-73 × 12-23 μm. Pleurocystides présentes, mais probablement peu abondantes, analogues aux cheilocystides mais plus grandes, 90-130 × 17-43 μm env. Revêtement piléique gélifié sur 80 μm d’épaisseur environ, à hyphes cylindracées, de 5-13 μm de diam., à élément terminal parfois plus large, jusque 20 μm de diam., parfois longuement lancéolé, à apex arrondi; pigment brun interne. Revêtement du stipe à hyphes cylindriques de 5-10 μm de diam. Anses d’anastomose nulles.
Distribution
Zaïre. — Lacs Edouard et Kivu: Panzi, alt. 1 650 m, sur le sol d’une plantation de caféier arabica, déc. 1949, Goossens-Fontana 5101 et icon. (holotype BR); id., avril 1952, déc. 1953 et janv. 1954, Goossens-Fontana 5223, 5333 et 5352.
Observations
1. La description est basée sur la récolte type, accompagné d’une excellente aquarelle et de notes descriptives. Le matériel n’est pas en très bon état; nous avons fait usage des dessins micrographiques de E. Horak qui l’avait examiné avant nous ainsi que de ceux de Mme Goossens. Les autres récoltes ont le même aspect sur le sec et les mêmes caractères micrographiques. Elles ont probablement été effectuées au même endroit.
2. Espèce sûrement caractérisée par ses grandes spores et son chapeau brun visqueux. Elle est assurément proche de V. speciosa (p. 119) dont elle diffère principalement par la couleur du chapeau.
3. L’épaississement de l’endospore au niveau de l’apicule semble commun à tous les Volvariella à grandes spores.
3. Volvariella earlei (Murr.) Shaffer, Myc. 49: 550 (1957). — Planche XIX/5.
Pluteus sericeomarginatus Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 61: 81 (1928) syn. nov.
Distribution (complément)
Zaïre. — Forestier central: Eala, groupés sur le sol de la forêt sèche, janv. 1924, Goossens-Fontana 349 et icon. (holotype de Pluteus sericeomarginatus, BR).
Nom vernaculaire : Bempokua (Eala).
Observations
1. Cette nouvelle récolte n’apporte guère plus que la description de la p. 77. L’exsiccatum est en mauvais état et ne permet pas une étude micrographique suffisante. Les spores sont assez souvent anormales, à sommet largement tronqué ou même bilobé.
2. La volve qui ne figure pas sur l’aquarelle est nettement visible sur l’exsiccatum.
3. Ici aussi l’endospore présente un épaississement à hauteur du tractus apiculaire.
Pluteus vel Pluteaceae excludendae
Annularia congolensis Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 61: 79 (1928); Fl. Icon. Champ. Congo: 45, pl. 8/13 (1936). = Macrolepiota zeyheri (Berk). Sing. — Voir Fl. Icon. Champ. Congo: 335 (1970).
Pluteus albidus Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 61: 82 (1928) est un nomen rejiciendum car il est basé sur deux récoltes appartenant à deux espèces différentes. En effet, il y a eu confusion de M. Beeli entre les nos 245 et 246: la microscopie de l’un étant associée à la macroscopie de l’autre et vice versa! Le n° 246, qui est probablement un Psathyrella, a fourni les caractères macroscopiques de Pluteus albidus tandis que le nº 245, déterminé depuis P. albostipitatus, a donné les caractères sporiques. A noter aussi que le nom vernaculaire cité pour P. albidus provient également du nº 245.
Pluteus fragilis Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 61: 81 (1928) est un nomen rejiciendum car il est basé sur deux récoltes n’appartenant pas à la même espèce. En effet, la description macroscopique est basée sur l’aquarelle 112, datée d’avril 1928, tandis que la microscopie a été faite sur une récolte ultérieure — probablement 112bis d’octobre de la même année. De l’exsiccatum 112, il ne reste que d’infimes fragments contenant des spores de Rhodophyllus tandis que le 112bis est très probablement un Psathyrella; l’indication de la couleur « rose » des spores est inspirée d’une indication figurant sur l’aquarelle 112 qui représente du reste, de façon assez évidente, un Rhodophyllus.
Pluteus goossensiae Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 61: 79 (1928) = Termitomyces striatus (Beeli) Heim, Mém. Ac. Sc. 64: 47 (1941). — Voir Flore Icon. Champ. Congo: 145 (1958).
Pluteus sericeomarginatus Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 61: 81(1928) = Volvariella earlei (Murr.) Shaffer, Myc. 49: 550 (1957). Voir p. 120.