Flore iconographique des Champignons du Congo

Fascicule 9

 

Discomycetes

par M. Le Gal (mars 1960) : 167-184, pl. 29-31

 

 Illustrée en couleurs par Mme M. Goossens-Fontana


Planches


 

DISCOMYCETES

par Marcelle Le Gal

Caractères. Champignons ascosporés, à réceptacle stipité ou non, dérivant de la forme cupulaire, parfois en mitre ou en massue; à face supérieure tapissée par un hyménium de thèques et de paraphyses disposées en palissade, rarement mêlées de poils, d’abord ± clos et lisse, s’ouvrant et s’étalant jusqu’à devenir parfois bombé-convexe, pouvant par accroissement prendre un aspect plissé, sillonné ou veiné, bordé ou non d’une marge à arête entière, dentelée, crénelée ou laciniée. Face inférieure glabre, granuleuse, furfuracée, tomenteuse ou poilue. Paraphyses à contenu incolore ou diversement coloré, contribuant à donner à l’hyménium sa teinte particulière; simples ou rameuses, claviformes, cylindriques ou fusiformes ; au sommet, droites, courbées en crosse ou enroulées en spirale. Thèques cylindriques, claviformes ou ovalaires, contenant en général 8, parfois 2, 4 ou 6 spores ou un multiple de 8 (16, 32, 64 et même davantage), s’ouvrant au sommet à la maturité, soit par un opercule se soulevant comme un couvercle, soit par une perforation circulaire ou foramen, à bords parfois redressés en collerette. Spores de taille très variable et de formes diverses : sphériques, elliptiques, fusiformes, cylindracées, aciculaires, droites ou courbées; lisses ou ornées de reliefs allant de la pustule ou de l’épine jusqu’au réseau, plus rarement en forme de bandes aplaties ou dressées en crête; souvent hyalines ou paraissant telles sous le microscope, bien que parfois ocracées ou rosées vues en masse; plus rarement olivâtres, violettes ou brunes; à contenu homogène ou granuleux renfermant souvent alors des gouttelettes lipidiques; demeurant continues ou se cloisonnant transversalement à la maturité. Chair céracée-cassante, élastique, subéreuse, gélatineuse ou cartilagineuse.

Nous divisons les Discomycètes en deux ordres: les Homospermales et les Heterospermales.

Observations. — 1. — Les Discomycètes constituent une classe de champignons qui compte plusieurs milliers d’espèces. Les récoltes du Congo Belge ne représentent, jusqu’à présent, qu’une partie infime de ce vaste groupe. Pour les synopsis, nous nous limiterons généralement aux taxa représentés dans l’Atlas.

2. Les récoltes congolaises comprennent une forte proportion d’espèces exotiques, trois espèces cosmopolites et deux espèces européennes.

3. La plupart de ces champignons sont d’un intérêt scientifique indiscutable. Il n’en est guère qui présente de valeur alimentaire appréciable.

4. Chez les Discomycètes, le bleuissement des thèques à l’iode (réactif de Melzer) et l’observation très précise des ornementations sporales, après coloration au bleu lactique, sont d’un grand secours pour la détermination des espèces.

5. Une première étude descriptive et critique très détaillée de quatorze Discomycètes du Congo Belge parmi les vingt espèces qui y ont été récoltées par Mme M. Goossens-Fontana a été publiée par nous dans le Bulletin du Jardin Botanique de l’État, XXIX, pp. 73-132, 1959. Cette étude était accompagnée de 19 planches au trait réalisées par nos soins, d’après les exsiccata des récoltes et les aquarelles de Mme Goossens. Ceux qui désireraient de plus amples détails sur la flore des Discomycètes congolais pourront s’y référer.

En outre, une partie des espèces récoltées au Congo Belge ont été précédemment trouvées à Madagascar. Elles ont déjà fait l’objet, de notre part, d’une étude très poussée (*)Nous invitons donc nos lecteurs à se reporter également à cet ouvrage.

 

(*) Marcelle Le Gal, Les Discomycètes de Madagascar, Prodrome à une flore mycologique de Madagascar et dépendances, publié sous la direction du Professeur Roger HEIM, Paris (1953).

 

Synopsis des ordres

A. Spores toujours continues, rarement petites, ne présentant jamais de disproportion considérable dans le rapport entre leur longueur et leur largeur; asques à déhiscence très fréquemment operculée, parfois seulement suboperculée, jamais hémioperculée ni inoperculée..........HOMOSPERMALES (p. 168)

B. Spores soit continues, soit plus souvent cloisonnées, pouvant présenter une disproportion considérable dans le rapport entre leur longueur et leur largeur; asques à déhiscence presque toujours inoperculée, très rarement hémioperculée, exceptionnellement suboperculée.......HETEROSPERMALES (p. 177)

 

HOMOSPERMALES

Synopsis des familles

A. Chair céracée-cassante, de contexture surtout pseudoparenchymateuse; thèques à déhiscence operculée, rarement suboperculée:

1. Réceptacles dépourvus de vrais poils; thèques pouvant bleuir à l’iode ...... ALEURIACEÆ (p. 168)

2. Réceptacles présentant assez fréquemment des poils sur la marge et la face externe; paraphyses pouvant verdir à l’iode ......................... HUMARIACEÆ (p. 171)

B. Chair subéreuse ou gélatineuse, ferme et élastique, de contexture surtout filamenteuse; thèques à déhiscence toujours suboperculée ............. SARCOSCYPHACEÆ (p. 173)

ALEURIACEÆ

Caractères: Réceptacles généralement cupuliformes, rarement épais, pédicellés ou non, furfuracés, tomenteux extérieurement, mais dépourvus de vrais poils. Spores guttulées on non, lisses ou ornées, mais ne présentant pas de formations ornementales du type le plus complexe. Thèques bleuissant parfois à l’iode.

Espèces dépourvues de pigments de carotène.

Une seule tribu et un seul genre sont représentés, jusqu’à présent, au Congo Belge.

Tribu ALEURIEÆ

Caractères: Thèques bleuissant à l’iode. Chair constituée surtout par des cellules globuleuses ou piriformes.

Genre Galactinia (Cooke) Boud., emend. Le Gal

Caractères: Spores elliptiques, ± fusiformes ou parfois rondes, lisses ou ornées, guttulées ou non. Thèques operculées, munies d’un anneau apical amyloïde. Chair essentiellement vésiculeuse, constituée surtout par des cellules globuleuses à piriformes disposées en files, que relient des hyphes connectives cylindriques dont certaines sont ± lactifères. Ces dernières donnent à la chair des réceptacles, quand on la coupe, un aspect juteux ou lactescent.

Synopsis des espèces

A. Spores lisses, non guttulées intérieurement:

I. Réceptacles cupulés-globuleux; spores de 19,5-24 (26,5) μ × 10-13 (14)μ ...... 1. G. vesiculosa

II. Réceptacles évasés sur les bords et côtelés; spores de 19-21 (22) μ × 9,5-12 μ ..............2. G. ampliata var. costifera

B. Spores ornées, granuleuses intérieurement:

I. Réceptacles épais et convexes, reposant sur un feutrage mycélien très abondant. ...... 4. G. tapesioides

II. Pas de feutrage mycélien:

a) Réceptacles convexes, à hyménium rose carminé............. 3. G. luteorosella

b) Réceptacles cupulés, parfois fendus en oreille, à hyménium brun-rouge. .... 5. G. auriformis

1. Galactinia vesiculosa (Bull. ex Fr.) Le Gal, Les Disc. Madag., p. 33 (1953). Planche XXIX, fig. 1.

Caractères macroscopiques. Réceptacles charnus, de taille variable mais plutôt grande, jusqu’à 4 et 6, parfois 8 cm sur le frais, sessiles à substipités, d’abord cupulés-globuleux et à marge enroulée vers l’hyménium, s’ouvrant ensuite en coupe ± largement étalée, sinuée-ondulée, parfois fendue latéralement. Hyménium ocracé. Face externe plus pâle, ocracé-blanchâtre, très finement pubescente, parfois ponctuée, vers la marge, de petites granulations furfuracées plus foncées. Chair aqueuse et opaline, mais non lactescente.

Caractères microscopiques. Spores elliptiques-allongées de 19,5-24 (26,5) μ × 10-13 (14) μ hyalines, lisses et non guttulées. Thèques de 250-320 μ × 16-22 μ, cylindriques et amples, peu rétrécies vers la base, tronquées au sommet, à huit spores unisériées. Paraphyses ne dépassant guère les asques, droites, épaisses de 3-4 μ, peu élargies au sommet, septées et pouvant présenter, dans la partie basale, des sections enflées jusqu’à 6-8 μ; elles contiennent des granulations réfringentes.

Caractères chimiques. Melzer : bleuissement d’un anneau apical au sommet des asques.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 2064. — Europe, Amérique du Nord et du Sud, Asie, Madagascar.

Habitat. — Épars sur le sol, dans les cultures indigènes et dans le compost formé par les détritus de palmier Elaeis.

Usages. Comestible, consommé par les Bwaka.

2. Galactinia ampliata var. costifera (Boud.) Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 81 (1959). Planche XXIX, fig. 2.

Caractères macroscopiques. Réceptacles de 2-2,9 cm, stipités, à hyménium fauve brunâtre, d’abord cupulé, s’évasant ensuite sur les bords, qui s’enroulent alors légèrement vers l’extérieur, un peu veiné-plissé dans la partie centrale, à marge entière, sinuée-lobée. Face externe plus pâle, pruineuse blanchâtre. Stipe 5-6 mm de hauteur, plein et un peu côtelé longitudinalement, ces côtes s’étendant sous la cupule jusqu’à environ la moitié de sa largeur.

Caractères microscopiques. Spores hyalines, elliptiques de 19-21 (22) μ × 9,5-12 μ, lisses, non granuleuses intérieurement. Thèques de 240-270 μ × 15-20 μ, assez courtes et amples, peu rétrécies vers la base, octospores. Paraphyses épaisses de 3-5 μ, septées, avec parfois quelques sections renflées jusqu’à 6-7 μ, un peu élargies vers le sommet, à contenu d’aspect légèrement granuleux et réfringent (vu dans le bleu lactique sur matériel sec regonflé).

Caractères chimiques. Melzer: bleuissement d’un anneau apical au sommet des asques.

Distribution géographique. District forestier central: Binga, M. Goossens-Fontana 994. — Europe.

Habitat. Épars sur bois mort, dans la forêt sèche.

Observations. Cette var. costifera diffère du type par la présence de côtes sous la cupule et par les thèques plus petites.

3. Galactinia luteorosella Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 82, fig. 4-6 (1959). Planche XXIX, fig. 3.

Caractères macroscopiques. Réceptacles atteignant jusqu’à 2 cm environ, sessiles, charnus, convexes, puis légèrement déprimés au centre, épais, dans la région centrale, de 5 mm environ et s’amincissant jusqu’à 1 mm environ sur les bords, qui s’enroulent vers l’extérieur. Hyménium rosé carminé, plus pâle et plus jaune au centre, ondulé, à marge épaisse, obtuse, largement lobée, à arête entière. Face externe ocracé sale. Chair concolore.

Caractères microscopiques. Spores elliptiques ± allongées et ± amincies vers les pôles, de 21-30 μ × 9,5-14 μ, assez peu densément ornées de verrues punctiformes vues en perspective, mais prenant parfois, sur le pourtour sporal, l’aspect de fins aiguillons de 1 μ, environ de hauteur; les spores contiennent, dans la jeunesse, quelques granulations qui disparaissent ensuite. Thèques de 300-400 μ × 14-18 μ, cylindriques, longuement rétrécies vers la base, à huit spores unisériées. Paraphyses droites, nombreuses, épaisses, longuement et insensiblement élargies vers le sommet jusqu’à 8-12 (14) μ, septées, simples, ne dépassant pas ou dépassant peu les asques, un peu granuleuses intérieurement. Chair vésiculeuse, à laticifères assez abondants dans la zone interne et présentant, dans la couche externe, des éléments allongés, à terminaisons finement incrustées d’une substance amorphe.

Caractères chimiques. Melzer : bleuissement de la paroi des thèques sur toute leur longueur et bleuissement d’un étroit anneau apical.

Distribution géographique. District des Lacs Édouard et Kivu : Panzi-Kivu, M. Goossens-Fontana 5341.

Habitat. Épars sur bois mort couvert de terre, dans une ancienne plantation de Coffea arabica.

Observations. Cette espèce se distingue surtout par la teinte rosé-carminé de son hyménium, couleur peu fréquente chez les Galactinia.

4. Galactinia tapesioides Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 87, fig. 7-9 (1959). Planche XXIX, fig. 4.

Caractères macroscopiques. Réceptacles atteignant 2 cm, parfois 3,5 cm environ, sessiles, charnus, épais de 3-6 mm au milieu et de 1-2 mm vers la marge, d’abord lenticulaires à peine creusés, s’étalant ensuite, devenant le plus souvent convexes et un peu déprimés au centre, largement adhérents au support ligneux, où ils reposent sur un feutrage mycélien jaunâtre, abondamment développé; marge enroulée vers l’extérieur à la fin, sillonnée et largement lobée. Hyménium soit blanchâtre et jaunissant avec l’âge, soit brunâtre un peu rosé, devenant brun ± noirâtre et pulvérulent, ainsi que très veiné-ridé sur le sec. Face externe blanche ou ocracé sale, finement tomenteuse. Chair translucide, pâle et aqueuse sur le frais, mais de consistance très ferme à la coupe sur matériel sec.

Caractères microscopiques. Spores elliptiques ± allongées et ± amincies vers les pôles, de 17-26 μ × 8-11 μ, assez densément ornées de très fines verrues punctiformes, contenant, dans la jeunesse, des amas polaires de granulations ± réfringentes, qui disparaissent ensuite. Thèques de 230-290 μ × 12-15 μ, cylindriques, à huit spores unisériées. Paraphyses assez nombreuses, droites, épaisses de 4,5-8 μ, septées, avec, parfois, des articles renflés jusqu’à 11 μ, un peu élargies vers le sommet, où elles atteignent 8-11 μ, paraissant optiquement vides dans le bleu lactique. Chair à grosses cellules vésiculeuses ± piriformes de 20-85 μ × 20-60 μ env., mêlées d’hyphes cylindracées de gros calibre (10-18 μ de diamètre), plus abondantes dans la zone moyenne. Couche externe à terminaisons ± incrustées d’une substance amorphe.

Caractères chimiques. Melzer : bleuissement de la paroi des thèques sur toute leur longueur et d’un étroit anneau apical.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 3005 et 3011.

Habitat. Sur bois mort, brindilles et feuilles mortes, dans les jachères et les cultures indigènes.

Observations. Ce Galactinia lignicole ressemble à un Psilopezia par ses réceptacles épais et convexes reposant sur un abondant tapis mycélien. Toutefois, il a des caractères histochimiques et anatomiques qui l’éloignent de ces espèces.

5. Galactinia auriformis (Pat.) Le Gal, Les Disc. Madag., pp. 54 et 417 (1953). Planche XXIX, fig. 5.

Caractères macroscopiques. Réceptacles pouvant atteindre juqu’à 10 cm de diamètre, sessiles à substipités, d’abord cupulés-globuleux, mais parfois fendus latéralement en oreille, s’ouvrant ensuite et devenant sinuésondulés jusqu’à former de nombreux replis; marge d’abord enroulée vers l’hyménium, finement dentelée. Hyménium brun-rouge. Face externe ocracé pâle dans la jeunesse, brunissant avec l’âge, finement granuleuse à grossièrement furfuracée par places. Chair fragile, très aqueuse, concolore, mais plus pâle.

Caractères microscopiques. Spores elliptiques, assez obtuses aux extrémités, de 10-13 μ × 5,5-7 μ, ornées de stries en relief, colorables au bleu coton et formées par la fusion de verrues basses alignées longitudinalement; les spores contiennent de 1 à 3 grosses guttules, accompagnées de granulations plus petites. Thèques de 180-250 μ × 8-11 μ, cylindriques, longuement et peu fortement rétrécies vers la base, à huit spores unisériées. Paraphyses simples ou parfois ramifiées, linéaires, septées, épaisses de 2-3,5 μ, peu sensiblement élargies au sommet, un peu courbées dans la partie apicale, à contenu granuleux.

Caractères chimiques. Melzer : bleuissement des asques sur toute leur longueur et bleuissement d’un anneau apical.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 998 et 2035. — Madagascar, Venezuela et Trinité (Antilles anglaises).

Habitat. Par groupes épars et nombreux de plusieurs individus connés, sur le sol, dans les pelouses des jardins et surtout dans les fosses à compost formé par les détritus des palmiers Elaeis.

 

HUMARIACEÆ

Caractères: Réceptacles soit minces et cupulés, soit épais, pulvinulés et petits. Ils sont généralement de couleur vive : rouge ou orangée, et renferment des pigments de carotène. Ils présentent assez fréquemment des poils sur la marge et la face externe. Le contenu de leurs paraphyses peut verdir à l’iode. Leur chair se montre essentiellement pseudoparenchymateuse. Leurs spores sont lisses ou ornées. On y rencontre des formations ornementales du type le plus complexe.

Synopsis des tribus

A. Réceptacles pourvus de poils sur la marge et la face externe..........CILIARIEÆ (p. 171)

B. Réceptacles dépouvus de vrais poils ................... HUMARIEÆ (p. 171)

Tribu CILIARIEÆ

Caractères: Espèces le plus souvent rouges ou jaunes, à réceptacles couverts de poils.

Un seul genre est représenté, jusqu’à présent, au Congo Belge.

Genre Scutellinia (Cooke) Lamb. emend. Le Gal

Caractères : Réceptacles petits, lignicoles ou terrestres, en forme de disque souvent rouge, parfois orangé, plus rarement jaune ou verdâtre, ces teintes pouvant être vives ou ternes et, dans ce cas, mêlées de brunâtre ou d’ocracé. Leur marge est ciliée de poils bruns, raides et cloisonnés, dont la base présente des ramifications ou crampons émanant de la zone profonde du tissu et non des cellules superficielles des réceptacles. Chair comprenant une zone profonde, surtout filamenteuse, d’aspect plutôt confus, composée d’éléments à membrane mince et à contenu nébuleux, et une zone externe à grosses cellules renflées, polyédriques ou allongées, à parois épaisses, très cohérentes et paraissant optiquement vides, disposées en files ramifiées et entrecroisées, dont les articles terminaux ± allongés et cloisonnés forment des granulations ou des poils superficiels, généralement hyalins, différents des poils d’origine interne. Paraphyses verdissant presque toujours à l’iode et à contenu présentant, sur le frais, des filaments ou chondriocontes remplis de pigments carotiniens. Spores elliptiques ± allongées ou rondes, toujours guttulées, presque toujours ornées, à ornements de taille variable, allant de la pustule primitive jusqu’à la réticulation complète; il en est qui appartiennent aux formations ornementales du type le plus complexe.

1. Scutellinia asperrima (Ellis et Ev.) Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 93, fig. 10-11 (1959). Planche XXIX, fig. 6.

Caractères macroscopiques. Réceptacles sessiles et étalés, en forme de disque régulier, mince et fragile, atteignant jusqu’à 6 mm de diamètre sur le sec. Hyménium rouge-orangé, bordé de poils brun sombre, plutôt clairsemés et de longueur inégale, atteignant 1-1,5 (2) mm. Face externe plus pâle, jaunâtre.

Caractères microscopiques. Spores soit largement elliptiques, soit elliptiques-allongées, paraissant asymétriques et un peu arquées-bossues suivant la face sur laquelle elles se présentent, de 25-35 μ × 13-19 μ, ornées d’un réseau à larges mailles souvent complètes, dont les points d’intersection atteignent, sur le contour sporal, une hauteur de 1,5-2 (3) μ. Les spores contiennent le plus souvent 2, parfois 1 ou 3 grosses guttules bien nettes, pouvant être accompagnées d’autres granulations plus petites. Thèques de 250-325 μ, × 16-22 μ, cylindriques, à huit spores unisériées. Paraphyses droites, septées, épaisses de 3-5 μ, longuement et souvent assez fortement élargies vers le sommet, où elles atteignent de 6-10 μ; elles contiennent des granulations orangées. Poils larges de 30-50 μ à la base, qui présente des crampons divergents, parfois nombreux (jusqu’à 7-8), longuement effilés vers le sommet.

Distribution géographique. District forestier central : Mongana, M. Goossens-Fontana 2006. —Nicaragua.

Habitat. Par groupes denses, sur les troncs humides des palmiers Elaeis, dans les plantations.

 

Tribu HUMARIEÆ

Caractères: Pas de vrais poils sur la face externe et la marge des réceptacles.

Genre Phaedropezia Le Gal

Caractères : Réceptacles de taille variable, ou à 1 cm de diamètre, toujours de couleur claire et vive : jaune orangé, rouge orangé, jaune citrin, disciformes, déprimés au centre et onduleux au bord, sessiles ou stipités, très étalés à la fin, reposant sur un tapis mycélien jaune-citrin ± abondamment développé sur le support. Spores de taille petite ou très petite, elliptiques, cylindracées à subsphériques, souvent asymétriques, lisses, à membrane épisporique particulièrement épaisse, contenant des sporidioles ± réfringentes. Thèques petites, à parois épaisses et à déhiscence suboperculée. Paraphyses épaisses, peu nombreuses, ne verdissant pas à l’iode. Chair tendre et de consistance faible, à éléments filamenteux de gros calibre, mêlés de nombreuses sections renflées, lâchement emmêlés; zone externe d’hyphes plus nettement cylindracées et plus serrées, dont les terminaisons allongées donnent à la face externe des réceptacles un aspect typiquement pulvérulent. Espèces épixyles.

Synopsis des espèces

A. Hyménium jaune sulfurin; spores de 7,5-10 μ × 5-6(7,5) μ ...........2. P. flavotingens

B. Hyménium orangé-jaune; spores de 6-8 μ × 3,5-5 μ ........................ 1. P. epispartia

1. Phaedropezia epispartia (Berk, et Br.) Le Gal, Les Disc. Madag., p. 181 (1953). Planche XXX, fig. 1.

Caractères macroscopiques. Réceptacles de 2,5-3 cm de diamètre, subsessiles, cupulés-globuleux, à marge entière lobée-sinueuse, un peu infléchie vers l’extérieur. Hyménium jaune orangé. Face externe plus pâle et d’un jaune plus citrin, un peu ridée sur le sec. Chair molle et fragile, colorée de jaune citrin.

Caractères microscopiques. Spores largement elliptiques à subcylindracées de 6-8 μ × 3,5-5 μ, lisses, à contenu granuleux, avec quelques granulations plus réfringentes. Elles sont hyalines sous le microscope et seraient blanches vues en masse, d’après Mme Goossens. Thèques de 90-125 μ × 6-9 μ, cylindriques, longuement rétrécies vers la base à huit spores unisériées. Paraphyses peu nombreuses, simples, septées, épaisses de 3-5 μ, un peu onduleuses et souvent légèrement rétrécies vers le sommet, à contenu d’aspect granuleux dans la partie apicale.

Caractères chimiques. Melzer : aucune réaction des éléments hyméniens.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 765; District des Lacs Édouard et Kivu, M. Goossens-Fontana 5105, 5248 et 5285. — Madagascar, Ceylan, Malaisie (Malacca). États-Unis (Caroline), Amérique du Sud (Bolivie).

Habitat . Groupés sur un tronc mort, dans un champ de cultures indigènes; sur bois mort ou arbre mort; dans un chemin herbeux.

Observations. La récolte M. Goossens-Fontana 3057, à Binga, sur les détritus de rafles de palmier Elaeis, dans les fosses à compost, est fort probablement la même espèce d’après l’aquarelle, mais aucun échantillon n’a pu nous être communiqué aux fins de vérification.

2. Phaedropezia flavotingens (Berk, et Br.) Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 96, fig. 12 (1959). Planche XXX, fig. 2.

Caractères macroscopiques. Réceptacles de 1-2 cm, substipités, d’abord régulièrement cupulés, puis ondulés-lobés sur les bords. Hyménium d’un jaune tirant sur le sulfurin. Face externe d’un jaune plus clair, d’aspect très fortement granuleux-pulvérulent. Chair épaisse de 4 à 6 mm, amincie, vers la marge, jusqu’à 1 mm, jaunâtre et humide. Des traces de mycélium jaunâtre sont visibles à la base des réceptacles et sur les débris de substratum qui y sont restés fixés.

Caractères microscopiques. Spores hyalines, ovales à subsphériques ou elliptiques, obtuses aux pôles et presque cylindracées, de 7,5-10 μ × 5-6 (7,5) μ, lisses, à contenu guttulé. Thèques de 125-150 μ × 7-10 μ, cylindriques, longuement rétrécies et flexueuses vers la base, à huit spores unisériées. Paraphyses droites, épaisses de 3-6 μ, ± amincies vers le sommet, peu septées, peu nombreuses, contenant quelques granulations réfringentes.

Caractères chimiques. Melzer : aucune réaction des éléments hyméniens.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 3042. — Ceylan.

Habitat. Sur détritus de palmiers.

Observations. P. flavotingens se distingue de P. epispartia par sa teinte, qui est jaune sulfurin et non jaune orangé, et par ses spores légèrement plus grandes.

SARCOSCYPHACEÆ

Caractères : Réceptacles épyxiles, à chair de consistance ferme et élastique: soit subéreuse ou coriace, soit gélatineuse; leur contexture est surtout filamenteuse. Thèques très allongées et flexueuses, longuement amincies vers la base, à parois épaisses et à déhiscence suboperculée (appareil apical en forme d’anneau ouvert et opercule rond, qui peut se détacher complètement au moment de la déhiscence). Paraphyses grêles et nombreuses, parfois mêlées de poils hyméniens. Spores fréquemment asymétriques, lisses ou verruqueuses, ou encore striées de bandes en relief ne donnant pas, au bleu lactique, la réaction dite des composés calloso-pectiques; elles ne présentent jamais de formations ornementales du type le plus complexe.

Synopsis des tribus

A. Réceptacles parfois fortement gélatineux; face externe toujours noirâtre, couverte d’un feutrage brun ......................................URNULEÆ (p 173)

B. Réceptacles de couleur claire ou vive, parfois à poils raides et fasciculés ........ SARCOSCYPHEÆ (p. 174)

Tribu URNULEÆ

Caractères: Réceptacles de consistance parfois fortement gélatineuse, à face externe toujours noirâtre et couverte de poils colorés de brun par un pigment de membrane, formant un feutrage ± épais.

Un seul genre est représenté, jusqu’à présent, au Congo Belge.

Genre Sarcosoma Casp. sensu Le Gal

Caractères : Espèces surtout exotiques, dont les réceptacles, épais à très épais, ont la chair gélifiée au 3e degré (c’est-à-dire gorgée d’eau, sur le frais, jusqu’à devenir ± liquide). Hyménium presque toujours plan et même bombé-convexe à la maturité, de teinte plus souvent claire (jaune, orangée ou rosée) que sombre, rarement noir.

1. Sarcosoma javanicum Rehm in P. Henn., Hedw., XXXII, p. 226, t. VIII, fig. 6 (1893); Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 99 (1959). Planche XXX, fig. 3.

Caractères macroscopiques: Réceptacles de grande taille, jusqu’à 7,5 cm, utriformes, tronqués au sommet et ± amincis vers la base, à rides transversales concentriques, extérieurement noir olivâtre et finement tomenteux. Hyménium d’abord un peu déprimé, puis plan et parfois légèrement convexe à la fin, brun rougeâtre, bordé d’une marge distincte et redressée, dont l’arête se hérisse de poils brun-noir atteignant jusqu’à 1,5 mm de longueur, groupés en faisceaux formant comme de petites dents triangulaires. Chair très épaisse et gélatineuse, molle, visqueuse et aqueuse vers la base, qui se liquéfie avec l’âge.

Caractères microscopiques. Spores elliptiques ± allongées, légèrement asymétriques et arquées, de taille variable: 25-53 μ × 13-22 μ, contenant 1-3 grosses guttules accompagnées d’autres plus petites, densément ornées de verrues punctiformes isolées, assez régulièrement réparties. Thèques de 510-550 μ × 17-23-5 μ, cylindriques, très longuement rétrécies et flexueuses vers la base, à huit spores unisériées. Paraphyses nombreuses, épaisses de 2-4 μ, s’élargissant progressivement vers le sommet jusqu’à 6-8 μ, droites, septées, parfois ramifiées, à contenu granuleux coloré de brun. Poils marginaux droits, renflés à la base jusqu’à 16-21 μ env., longuement amincis vers le sommet qui est arrondi, septés, à membrane colorée de brun et incrustée. Poils du tomentum de la face externe moins allongés, ± mêlés d’éléments sinueux et plus grêles (3-6,5 μ), à paroi plus mince et moins colorée, très finement incrustée ou paraissant lisse par places. Chair à zone interne filamenteuse, de texture lâche, fortement gélifiée (la base des réceptacles devenant, avec l’âge, une cavité pleine d’eau), et à zone externe pseudo-parenchymateuse, étroite et brune.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 2088. — Madagascar et toute l’Indonésie.

Habitat. Sur le sol, dans la forêt sèche.

Tribu SARCOSCYPHEÆ

Caractères: Réceptacles jamais noirs et souvent de couleur claire ou vive (rouge, jaune, rose ou violette), à tissus parfois gélifiés, mais jamais au 3e degré comme chez certaines Urnuleæ. Paraphyses pouvant verdir à l’iode. Il en est qui ont des poils presque toujours blanchâtres; si ces derniers sont ± colorés, ils se montrent nettement raides et fasciculés, donc différents de ceux des Urnuleæ.

Synopsis des genres

A. Réceptacles minces et cupulés, presque toujours stipités et à poils fasciculés .........Cookeina

B. Réceptacles étalés, sessiles ou à stipe souvent excentrique; pas de vrais poils........Phillipsia

 

Genre Cookeina Kuntze

Caractères: Réceptacles cupulés, presque toujours stipités, de couleur pâle ou vive, à chair mince, ferme et élastique, comprenant une zone interne d’hyphes cylindriques, peu ramifiées et sensiblement parallèles et une zone externe différenciée de cellules globuleuses-piriformes, très cohérentes, à parois épaisses et couvertes d’un exsudat amorphe d’aspect jaunâtre, qui donnent à la face externe des réceptacles un aspect granuleux-furfuracé. De la couche externe des réceptacles ou de la zone profonde de la chair naissent des poils fasciculés, de longueur variable, blanchâtres au sommet et se colorant de brunâtre vers la base. Thèques à parois très épaisses, brusquement rétrécies à la base qui s’effile en un appendice mince et flexueux ± allongé, mûrissant toutes à la fois, à opercule latéral. Paraphyses nombreuses et fréquemment anastomosées entre elles jusqu’à former parfois un véritable réticulum. Spores elliptiques, symétriques ou asymétriques, lisses ou plus souvent ornées de fines bandes longitudinales en relief, non colorables au bleu coton, ordinairement apiculées à chaque pôle, par suite d’un plus grand développement, à cet endroit, de l’assise sous-périsporique.

Synopsis des espèces

A. Poils longs (jusqu’à 5-7 mm) et raides, situés sur la marge et sur toute la face externe, même jusqu’en haut du stipe; spores allongées de 25-38 μ × 12-17 μ, ornées de très fines bandes longitudinales .... 1. C. Tricholoma

B. Poils courts (1 mm environ) situés seulement à la marge et sur les plis parallèles et concentriques de la région marginale; spores de 27-33 (36) μ × 14-20,5 μ, plus élargies, à bandes longitudinales moins fines et plus anastomosées transversalement, ébauchant parfois une réticulation .......... 2. C. sulcipes

1. Cookeina Tricholoma (Mont.) Kuntze; Le Gal, Les Disc. Madag., p. 234 (1953). Planche XXX, fig. 4.

Syn. Trichoscypha Tricholoma (Mont.) Cke, Mycogr., p. 252 (1879); Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 205 (1926) p.p.

Caractères macroscopiques. Réceptacles atteignant 2-2,5 (3) cm, ± longuement stipités, en forme de coupe profonde et globuleuse, d’abord presque close, plus ouverte ensuite et parfois évasée sur les bords chez les exemplaires très développés; à marge entière, enroulée vers l’intérieur, hérissée de poils raides, longs de 2-5 (7) mm, effilés et blanchâtres au sommet, se colorant de brun vers la base avec l’âge et paraissant moins serrés à mesure que la coupe augmente de taille. Hyménium rosâtre. Face externe rosée ou rose-ocracé, présentant des poils de même aspect que ceux de la marge, mais plus clairsemés. Stipe plein, très ferme, de longueur variable (3-40 mm), souvent aplati, tordu-comprimé, garni de poils généralement plus courts. Chair blanche, mince (1mm environ) et coriace.

Caractères microscopiques. Spores de 25-38 μ × 12-17 μ, elliptiques-fusiformes, ± fortement rétrécies vers chacun des deux pôles, apiculées (apicule de 0,5-1,5 μ), ornées de très fines bandes longitudinales (12-20 environ visibles à la fois sur une seule face), anastomosées transversalement par places; contenant 1 ou 2 grosses guttules accompagnées d’autres plus petites. Thèques de 320-415 μ × 16-20 μ, cylindriques, appendiculées à la base, à huit spores unisériées. Paraphyses nombreuses, filiformes (1-2 μ), septées, présentant des nodosités de 2-4 μ, d’épaisseur, qui sont le point de départ d’anastomoses transversales ou de ramifications dichotomes, à contenu granuleux. Poils d’aspect triangulaire, composés d’un faisceau d’hyphes cylindriques et septées, de calibre assez régulier, obtuses au sommet, naissant de la zone filamenteuse profonde de la chair et traversant la zone externe.

Distribution géographique. District forestier central : Eala, Binga, M. Goossens-Fontana 201, 627 et 3007. — Dans toutes les régions du globe à climat équatorial ou tropical.

Habitat. Isolé sur bois pourri dans la forêt inondée; sur bois mort dans la forêt sèche; sur bois mort dans les champs indigènes.

2. Cookeina sulcipes (Berk.) Kuntze ; Le Gal, Les Disc. Madag., p. 247 (1953). Planche XXX, fig. 5.

Syn. Trichoscypha Tricholoma (Mont.) Cke sensu Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII p. 205 (1926) p.p.; Id., LIX, p. 160 (1927).

Caractères macroscopiques. Réceptacles atteignant jusqu’à 3-3,5 cm, ± longuement stipités, profondément cupulés-globuleux à infundibuliformes. Hyménium blanchâtre, rosé, rose plus soutenu, violacé pâle ou foncé allant jusqu’au violet brunâtre, ponctué de très fines granulations brillantes. Marge distincte, formant un bourrelet épais garni de poils blancs d’aspect triangulaire ne dépassant guère 1 mm de longueur. Face externe blanchâtre, rose, rose-violacé ou violette; présentant dans la région marginale des plis parallèles et concentriques (3 généralement) garnis de poils analogues à ceux du bourrelet marginal, mais plus courts, par ailleurs nettement furfuracée. Dans la vieillesse, les réceptacles deviennent veinés-ridés. Stipe ferme et élastique, long de 2-4,2 cm, blanchâtre à ocracé, rose à violet ± brunâtre, couvert d’une furfuration dense et concolore, d’abord cylindrique, mais devenant avec l’âge aplati et sillonné longitudinalement. Chair très mince (0,5-0,75 mm), blanche ou teintée de violacé, ferme et élastique.

Caractères microscopiques. Spores de 27-33 (36) μ × 14-20,5 μ, largement elliptiques, mais parfois aussi un peu amincies vers les extrémités, présentant presque toujours à chaque pôle un apicule de 1-3 μ de hauteur; ornées de fines stries longitudinales en relief (une douzaine environ visibles sur une seule face à la fois), anastomosées transversalement par place, ébauchant alors une réticulation à mailles oblongues; contenant deux grosses guttules accompagnées d’autres plus petites. Thèques de 300-400 μ × 16-23,5 μ, cylindriques, appendiculées à la base, à parois épaisses présentant près du sommet un renflement nettement visible en profil dorsiventral, à huit spores unisériées. Paraphyses nombreuses et serrées, souvent épaisses de 3-4 μ, arrondies au sommet, fréquemment septées et renflées de chaque côté des cloisons, avec parfois des articles courts et vésiculeux larges de 5 μ environ, fréquemment anastomosées entre elles jusqu’à former par places un véritable reticulum, à contenu granuleux. En outre, de distance en distance, l’un de ces éléments se montre plus robuste (5-6 μ de largeur) et à parois plus épaisses, il dépasse le niveau de l’hyménium de 20-40 μ environ et prend l’allure d’un poil. Ce sont ces poils hyméniens qui donnent à l’hyménium son aspect comme saupoudré de grains brillants. Poils marginaux naissant de la zone externe de la chair, formés d’hyphes septées à parois épaisses, renflées dans la partie basale et amincies vers le sommet, groupées en faisceaux d’aspect triangulaire.

Distribution géographique. District forestier central : Eala, Binga, Diobo-Akula, M. Goossens-Fontana, 196, 206, 396, 451, 3008, 3009 et 3010. — Dans toutes les régions du globe à climat équatorial ou tropical.

Habitat. A terre, sur le sol et les branches mortes, dans la forêt inondée; groupé sur du bois mort dans la forêt marécageuse.

Usages. Comestible, consommé dans la région de Budjala par les Gombe.

Noms vernaculaires. Itoyampo, Lolebo, Yengele quand le champignon est petit (Eala), Ikongoëketa (Binga), Motulungua (Diobo-Akula, Budjala).

Observations. C. sulcipes se distingue aisément de C. Tricholoma par ses poils nettement plus courts et situés uniquement dans la région marginale, sur des plis transversaux et parallèles qui font complètement défaut chez l’autre espèce, par sa spore de forme moins allongée, à ornements moins serrés et plus anastomosés; enfin par la présence de poils dans son hyménium.

 

Genre Phillipsia Berk.

Caractères: Réceptacles lignicoles de taille variable et de forme généralement étalée, sessiles ou stipités, leur stipe étant souvent excentrique et leur donnant alors un aspect particulier de cuillère. Hyménium rarement sombre, plutôt de couleur vive, rose ou rouge ± mêlé de violet, de brun, parfois de verdâtre, ou bien jaune ± mêlé d’orangé, de rougeâtre ou de brun. Spores asymétriques et arquées, presque toujours ornées de stries longitudinales en relief, non colorables au bleu coton. Chair particulièrement coriace, de contexture essentiellement filamenteuse. On n’a jamais observé de vrais poils chez ces espèces.

Observations. La récolte M. Goossens-Fontana 980 ne comportant que des exsiccata, sans autre indication que « Binga 1934-1937 » se rapporte peut-être à P. domingensis Berk. En l’absence de planche en couleurs et de notes descriptives nous ne pouvons en garantir la détermination. Elle ne figure au synopsis qu’à titre indicatif. Ajoutons qu’elle a été précédemment indiquée au Congo Belge (*).

(*) Hendrickx, F. L., Sylloge Fungorum Congensium, Inéac, série scient., Nº 35, p. 51 (1948).

Synopsis des espèces

A. Réceptacles petits et pâles; spores petites de 15-21 μ × 9-12 μ, à 9 stries à peine visibles .... 1. P. carnicolor

B. Réceptacles plus colorés, de grande taille; spores plus grandes:

I. Réceptacles plus ou moins longuement stipités; spores de 20,5-36 μ × 11-17 μ, à 3-5 stries fines ............... 2. P. carminea

II. Réceptacles sessiles ou courtement stipités; spores de 23-32 μ × 11-15 μ, à 3-6 stries moins fines ..............P. domingensis

1. Phillipsia carnicolor Le Gal, Les Disc. Madag., p. 281 (1953) et Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 102 (1959). Planche XXXI, fig. 1.

Caractères macroscopiques. Réceptacles de petite taille pour le genre (jusqu’à 16 mm sur exsiccata), disciformes un peu déprimés au centre, sessiles à courtement stipités. Hyménium mat, d’un rose carné, nuancé d’ocracé au centre et de gris-vert très doux sur les bords, à marge obtuse, entière, légèrement ondulée et peu visiblement lobée. Face externe blanche sur le frais. Stipe côtelé et non excentrique. Chair mince (1 mm environ).

Caractères microscopiques. Spores elliptiques, parfois plutôt obtuses aux extrémités et légèrement arquées-bossues, de 15-21 μ × 9-12 μ, contenant 2 grosses guttules accompagnées d’autres plus petites; paraissant lisses, mais ornées de très fines stries longitudinales en relief (jusqu’à 9 visibles à la fois, avec une bonne optique) Thèques de 175-270 μ × 12-15 μ cylindriques, longuement amincies vers la base, à huit spores unisériées. Paraphyses linéaires, grêles (1,5-2 μ), à peine sensiblement élargies au sommet (jusqu’à 2-3 μ), septées, rameuses, parfois anatomosées, à contenu granuleux.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 905. — Madagascar, Malaisie (Malacca) et Antilles anglaises (Trinité).

Habitat. Épars sur le sol de la forêt sèche.

2. Phillipsia carminea (Pat.) Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 103, fig. 13-15 (1959). Planche XXXI, fig. 2.

Caractères macroscopiques. Réceptacles polymorphes (1,8-8 cm de diamètre), soit en forme de coupe déprimée au centre et ± longuement stipitée, soit en forme de cuillère à pied très excentrique, court ou à peine ébauché. Hyménium mat, variant du violet sombre au violet carminé, plus foncé au centre, avec parfois des panachures plus claires, soit de teinte à peu près uniforme, soit moucheté d’ocracé, pouvant être aussi uniformément décoloré blanchâtre. Marge légèrement onduleuse et lobée, à arête entière. Face externe blanc jaunâtre à blanc pur, tachée parfois de rose pâle et nuancée de verdâtre. Stipe cylindrique, ± évasé sous la coupe, central ou presque latéral, uni, de longueur très variable (0,4-4,9 cm), épais de 0,3-1,7 cm.

Caractères microscopiques. Spores de 20,5-36 μ × 11-17 μ., largement elliptiques et assez obtuses aux extrémités, un peu arquées; ornées de fines stries en relief (3-5 visibles à la fois) ; contenant deux grosses guttules accompagnées d’autres plus petites. Thèques de 350-480 μ × 16-19 μ, cylindriques, très longuement amincies et flexueuses vers la base, à huit spores unisériées. Paraphyses nombreuses, ne dépassant guère les asques, droites, assez grêles (1,5-2) μ, à peine élargies au sommet (3-5 a), simples ou ramifiées dichotomiquement, anastomosées entre elles, certaines présentant à l’apex des articles courts et enroulés en spirale, septées, à contenu granuleux coloré de carminé. Chair filamenteuse, comprenant une zone interne d’hyphes grêles ramifiées et entrecroisées, se resserrant vers la face externe des réceptacles en un tissu compact paraissant légèrement gélifié, et une zone externe d’hyphes sensiblement parallèles, colorée de brunâtre pâle.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 3006. — Antilles françaises (Guadeloupe).

Habitat. Sur bois mort, dans la forêt sèche.

Observations. P. carminea se distingue de P. domingensis Berk, par ses réceptacles plus longuement stipités et par ses spores plus obtuses, à ornementation plus fine.

D’autre part, il se distingue de P. Harmoge (Berk, et Br.) Le Gal par sa taille beaucoup plus grande et ses spores un peu plus petites.

HETEROSPERMALES

Synopsis des familles

A. Réceptacles à pédicule se dilatant soit en une massue allongée, aplatie ou arrondie, soit en un chapeau convexe séparé du stipe par une vallécule; espèces des lieux humides, riches en humus .................................GEOGLOSSACEAE (p. 177)

B. Réceptacles en disque, en entonnoir ou en coupe, sessiles ou stipités:

I. Réceptacles naissant d’un sclérote ou d’une portion stromatisée du substratum, généralement de couleur brune........................SCLEROTINIACEÆ (p. 179)

II. Réceptacles superficiels rarement érumpants, généralement de couleur claire; espèces parasites ou saprophytes.............................HELOTIACEÆ (180)

GEOGLOSSACEÆ

Caractères: Réceptacles de forme le plus souvent clavulée, rappelant celle de certaines clavaires avec lesquelles les auteurs anciens les confondaient. Pédicule se dilatant soit en une massue allongée, arrondie ou aplatie, recouverte uniformément par l’hyménium qui lui est adné, soit en un chapeau arrondi à surface fertile, séparé du stipe par une vallécule stérile ± large et ± profonde. Chair surtout filamenteuse, de consistance ordinairement élastique et fibreuse plutôt que cassante, parfois ± gélatineuse. Spores généralement allongées, septées ou non, incolores ou colorées.

Ces espèces croissent surtout dans les lieux humides, sur les sols riches en humus.

Synopsis des tribus

A. Réceptacles capités ou clavulés, ± comprimés, à hyménium recouvrant toute la tête ou la plus grande partie de celle-ci ........................... GEOGLOSSEÆ (p. 177)

B. Réceptacles pédiculés à chapeau convexe, dont l’hyménium ne recouvre que la partie supérieure ........ CUDONIÆ (p. 178)

Tribu GEOGLOSSEÆ

Caractères: Réceptacles capités, clavulés ou spatulés, ± comprimés. Hyménium recouvrant toute la tête ou la plus grande partie de celle-ci ou encore la partie supérieure de la massue.

Un seul genre est représenté, jusqu’à présent, au Congo Belge.

Genre Trichoglossum Boud.

Caractères: Hyménium et stipe présentant des poils septés, rigides et aigus, à parois épaisses brun-noir. Pédicule se dilatant insensiblement en massue allongée recouverte par l’hyménium. Spores cylindriques-clavulées, septées, ± colorées de brun à la fin. Asques claviformes à huit ou quatre spores.

1. Trichoglossum hirsutum (Pers. ex Fr.) Boud., Bull. Soc. Myc. de France, I, p. no (1885). Planche XXXI, fig. 3.

Caractères macroscopiques. Réceptacles entièrement noirs, mats et veloutés, d’une hauteur totale de 7-9 cm (sur le sec), à long stipe cylindrique, égal, légèrement comprimé seulement au sommet, se prolongeant en une clavule hyménifère obtuse, lancéolée et aplatie, déprimée longitudinalement au milieu (1,5 cm × 0,5 cm sur le sec).

Caractères microscopiques. Spores cylindracées, obtuses aux pôles, légèrement rétrécies vers les deux extrémités, à peine courbées, 98-172 μ × 6-8 (9,5) μ, d’abord hyalines, guttulées et continues, se colorant de brun avec l’âge et devenant septées jusqu’à 15 fois à la fin. Thèques de 210-280 μ × 23-40 (44) μ, amples, claviformes, largement arrondies au sommet, à huit spores plurisériées, disposées parallèlement dans la partie apicale de l’asque. Paraphyses épaisses (3,5 μ), septées, élargies jusqu’à 5-9 μ vers le sommet, où leurs parois se colorent de brun; leurs extrémités se recourbent en crosse et même parfois s’enroulent légèrement. Poils hyméniens dépassant les thèques et mesurant 250-300 μ × 6,5-9 μ environ.

Caractères chimiques. Melzer : bleuissement du pore au sommet de l’asque.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 970. — Europe, Amérique du Nord et du Sud, Antilles anglaises, Asie, Nouvelle-Zélande et Madagascar.

Habitat. Épars sur le sol, dans la forêt sèche.

Tribu CUDONIEÆ

Caractères: Réceptacles pédiculés, à chapeau convexe, dont la surface supérieure seule est recouverte par l’hyménium, la surface inférieure étant stérile.

Synopsis des genres

A. Réceptacles en clavule arrondie et fertile, séparée du stipe, à la base, par une vallécule stérile; spores septées à la fin... Leotia

B. Réceptacles à hyménium unilatéral, donc fertiles d’un seul côté; spores continues .... Hemiglossum

 

Genre Leotia Pers. ex Fr.

Caractères: Réceptacles gélatineux. Chapeau arrondi, ± lobé ou plissé, séparé du stipe par une vallécule. Spores oblongues-fusiformes, septées à la fin.

1. Leotia lubrica (Scop.) Pers. ex Fries, Syst. II, p. 29 (1823) et Summa Veg. Scand., p. 357 (1849); Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 109 (1959). Planche XXXI, fig. 4.

Caractères macroscopiques. Réceptacles stipités atteignant une hauteur totale de 4-5 cm. Chapeau d’un brun rosé, arrondi-convexe (1,7-1,9 cm de diamètre) irrégulièrement sublobé, à marge enroulée vers l’intérieur, séparé du pied par une vallécule large et un peu profonde. Stipe cylindrique, parfois légèrement évasé vers le sommet, de la même teinte que le chapeau, mais ocracé chez les spécimens jeunes, présentant de petites touffes, assez clairsemées, de poils concolores.

Caractères microscopiques. Spores hyalines et lisses, fusiformes à subcylindracées, obtuses à subaiguës aux pôles, droites ou courbées, de 16-25 μ × 5-6 μ, guttulées (4 à 7 guttules), septées à la fin (3-5 (6) cloisons). Thèques de 140-170 μ × 10-12 μ, étroitement claviformes, arrondies au sommet et longuement rétrécies vers la base, à huit spores uni- ou bi-sériées, à déhiscence hémioperculée. Paraphyses épaisses (2-3 μ), élargies en poire, ou en massue au sommet jusqu’à 4-8 μ et ± courbées en crosse, septées, hyalines. Chair comprenant deux zones gélifiées: l’une médiane, l’autre externe, séparées par une zone d’hyphes non gélifiées.

Caractères chimiques. Melzer : aucun bleuissement au sommet des asques.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 3012. — Europe, Amérique du Nord, Australie et Asie orientale (Japon).

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Genre Hemiglossum Pat.

Caractères: Réceptacle gélatineux-coriace, à clavule stipitée, simple ou rameuse, fertile sur une face et stérile sur l’autre. Spores elliptiques, incolores et continues.

1. Hemiglossum congolense Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 110, fig. 16-17 (1959). Planche XXXI, fig. 5.

Caractères macroscopiques. Réceptacles cespiteux, d’une hauteur totale de 1-3,5 cm sur exsiccata (5-5,7 cm sur le frais, d’après l’aquarelle de Mme Goossens-Fontana), entièrement marron à brun rouillé assez vif. Stipe rigide, côtelé longitudinalement, simple ou ramifié, se terminant en une clavule d’abord hémiglobuleuse, puis dressée et spatuliforme, très mince (0,35-0,4 mm), large de 5 à 8 mm sur exsiccata (6-15 mm d’après l’aquarelle), parfois soudée au bord avec la clavule d’un rameau voisin. Face fertile lisse, à marge légèrement lobée et enroulée vers la face stérile. Face stérile couverte de veines très saillantes, ramifiées en éventail à partir du sommet du stipe, dont elles ne sont que les prolongements. Stipe et côtes qui en dérivent sont hérissés de petites touffes de poils courts et concolores. Chair mince et gélatineuse, de consistance molle sur le frais et coriace sur le sec.

Caractères microscopiques. Spores hyalines, elliptiques-fusiformes, de 13-18 μ × 4-5,5 μ, lisses, non septées, à 2 ou 3 grosses guttules bien apparentes, accompagnées d’autres plus petites. Thèques de 120-140 μ × 8-10 μ, cylindriques, arrondies au sommet, à huit spores le plus souvent unisériées, mais parfois bisériées dans la partie apicale, à ouverture de déhiscence prenant l’aspect soit d’une fente oblique simulant un opercule, soit d’un foramen non marginé. Paraphyses nombreuses, droites, simples, septées, de 1,5-2 μ de largeur, longuement élargies ou brusquement renflées au sommet jusqu’à 5-5,5 μ, ne dépassant guère les asques, non colorées. Chair comprenant surtout une zone interne filamenteuse, hyaline et gélifiée, épaisse de 160-200 μ environ et une zone externe à petites cellules arrondies, peu cohérentes, mêlées de terminaisons allongées.

Caractères chimiques. Melzer : léger bleuissement sous l’épais coussinet apical de l’asque.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 761.

Habitat. Sur bois mort, dans la forêt sèche.

Observations. Le genre Hemiglossum, qui n’est représenté, jusqu’ici, que par trois espèces, rappelle le genre Leotia par la consistance gélatineuse-coriace de ses carpophores. En outre, H. congolense se rapproche des Leotia par son mode de déhiscence. Mais la position taxinomique des Leotia parmi les Geoglossaceæ est isolée. En attendant que des données nouvelles nous éclairent sur les affinités vraies de ces espèces, nous avons laissé le genre Hemiglossum dans la tribu des Cudonieæ, auprès des Leotia.

SCLEROTINIACEÆ

Caractères: Réceptacles naissant soit d’un sclérote bien délimité, soit d’une portion stromatisée du substratum, stipités, ordinairement de couleur brune, en forme de coupe, d’entonnoir ou de disque, exceptionnellement verpoïdes chez un seul genre. Spores elliptiques, ordinairement hyalines, unicellulaires et lisses. Spermaties généralement globuleuses à légèrement ovales; formes conidiennes diverses mais absentes dans la plupart des cas.

Un seul genre est représenté au Congo Belge.

Genre Rutstroemia Karst. emend. Rehm

Caractères: Réceptacles presque toujours bruns, rarement jaunes, jaune verdâtre à vert foncé, ou d’un blanc grisâtre, devenant, en séchant, de couleur plus sombre et de consistance dure. Ils présentent à la base, dans la plupart des cas, un stroma mince, noir et carbonacé, d’abord immergé, puis érumpant, qui diffuse à la surface du substratum. Chair coriace-céracée toujours filamenteuse et comprenant une zone d’hyphes ± gélifiées. On observe généralement une zone non colorée, située entre deux zones colorées de brunâtre. Spores généralement larges, oblongues, réniformes ou longuement elliptiques-fusiformes, continues ou bien uni- et même pluri-septées à la maturité.

1. Rutstroemia acutispora Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 115, fig. 18-19 (1959). Planche XXXI, fig. 6.

Caractères macroscopiques. Réceptacle pédicellé, en forme d’entonnoir peu profond, à marge entière et un peu ondulée. Hyménium blanchâtre (d’après les notes de Mme Goossens-Fontana), brunâtre et large de 11 mm d’après l’aquarelle; sur le sec, brun-noir un peu vineux, large de 8 mm. Face externe blanc-ocracé (d’après les notes de Mme Goossens-Fontana), rosâtre et striée longitudinalement d’après l’aquarelle. Stipe plein, lisse, brunâtre, plus foncé vers la base. Chair épaisse de 1 mm au centre et amincie progressivement vers la marge jusqu’à 0,5 mm.

Caractères microscopiques. Spores assez étroitement fusiformes, aiguës aux extrémités et un peu courbées, de 20,5-30 μ × 2,75-3,75 μ, lisses, pluriguttulées, cloisonnées (1 à 5 cloisons) à la fin. Thèques de 120-140 μ × 8-10 μ, claviformes, à huit spores plurisériées dans la partie apicale de l’asque. Paraphyses grêles (1,5-2 μ), non élargies et même parfois un peu effilées vers le sommet, peu septées, le plus souvent simples et à contenu granuleux brun plus abondant dans les deux tiers inférieurs, mais parfois aussi grêles, ramifiées, à contenu presque incolore. Chair comprenant une importante zone de tissu gélifié au second degré, colorée de brunâtre au voisinage du sous-hyménium, hyaline ensuite et de texture plus lâche, et une zone externe mince, non gélifiée, colorée de brunâtre.

Caractères chimiques. Melzer : bleuissement intense du pore apical des asques.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 943.

Habitat. Sur bois mort.

Observations. Cette espèce est caractérisée par la forme de ses spores et par la forte gélification de sa chair.

 

HELOTIACEÆ

Caractères: Espèces parasites ou saprophytes, à réceptacles superficiels ou rarement érumpants, de consistance cartilagineuse, coriace, ou tendre et charnue, stipités, plus rarement sessiles, de couleur claire, exceptionnellement sombre. Chair d’ordinaire assez épaisse et de contexture emmêlée, avec une zone externe de cellules plus courtes et plus larges, formant un tissu plus cohérent. Certaines possèdent une zone interne fortement gélifiée; d’autres ont les membranes des cellules externes épaissies et cartilagineuses. Asques claviformes, de taille moyenne ou grande, donnant souvent, à l’iode, une réaction positive. Spores allongées, continues ou septées, hyalines ou à membrane colorée de sombre.

Synopsis des tribus

A. Champignons lignicoles et saprophytes, à chair coriace ou subéreuse.........Encœlieæ (p. 180)

B. Champignons à chair molle et gélatineuse, généralement de teintes purpurines ou violacées ...............Ombrophileæ (p. 182)

Tribu ENCŒLIEÆ

Caractères: Espèces saprophytes, croissant sur les parties ligneuses des végétaux, assez souvent pérennantes, à réceptacles fréquemment érumpants, plutôt grands, coriaces ou subéreux. Face extérieure de couleur brune ou noire et d’aspect farineux. Chair à zone interne filamenteuse, formée d’hyphes minces ± lâchement emmêlées, hyalines ou peu colorées; zone externe d’hyphes à cellules courtes, plus grosses et plus serrées. Asques plutôt étroits à pore apical se colorant généralement à l’iode. Spores sphériques, oblongues ou aciculaires, continues ou septées transversalement, hyalines ou à cloisons brunâtres. Paraphyses filiformes et brunâtres, ± élargies vers le sommet.

Synopsis des genres

A. Réceptacles ayant l’aspect d’arbuscules, de consistance fragile:

I. Ne colorant pas la solution de KOH............................... Cordierites (*)

II. Colorant la solution de KOH en brun pourpré..................Ionomidotis

B. Réceptacles cupulés, sessiles à substipités, à bords profondément lobés-déchirés, de consistance cartilagineuse-coriace .................................... Peltigeromyces

 

(*) Genre non représenté, jusqu’à présent, au Congo Belge.

Genre Ionomidotis Durand

Caractères: Réceptacles superficiels, solitaires ou issus d’une base commune, de forme irrégulière et plus allongée d’un côté à la maturité, généralement de couleur violette ou olive, minces et de consistance fragile. Plongés dans la potasse diluée, ils donnent à cette solution une coloration violet sombre. Chair comprenant une zone interne d’hyphes entrelacées et une zone corticale pseudoparenchymateuse. Thèques claviformes-cylindriques. s’ouvrant par un pore qui ne bleuit pas à l’iode. Spores petites, hyalines et continues.

1. Ionomidotis umbilicarioides (A. Möller) Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 120, fig. 20-21 (1959). Planche XXXI, fig. 7.

Caractères macroscopiques. Réceptacles jusqu’à 1,5-2 cm de diamètre, minces et fragiles, mais devenant rapidement cornés et coriaces, issus d’un stipe isolé ou d’un stipe commun, soit conné, soit ramifié à divers niveaux à la manière d’un Cordierites; d’abord creusés en coupe ou en entonnoir ombiliqué au centre, ± asymétriques et plus allongés d’un côté; ensuite largement ouverts, avec la marge profondément lobée-sinuée et enroulée vers l’hyménium. Hyménium d’un noirâtre un peu violacé, devenant gris-pruineux par suite du dépôt des spores. Face externe noire, tomenteuse et veloutée. Stipe noir, ± allongé (1-2 cm ou, s’il est commun, jusqu’à 3 cm), assez grêle, évasé vers le sommet et souvent excentrique, creux intérieurement. Chair brun noirâtre et très cassante sur matériel sec, colorant de brun pourpré la solution de KOH à 5 % et l’alcool.

Caractères microscopiques. Spores hyalines, lisses, assez étroitement elliptiques, de 5-6 μ × (1,5) 2-2,25 μ contenant deux petites guttules réfringentes. Thèques de 60-80 μ × 4-5 μ, cylindriques, longuement rétrécies et flexueuses vers la base, à huit spores unisériées, rarement bisériées. Paraphyses grêles (1-2 μ), peu septées, noduleuses, souvent effilées, mais parfois arrondies au sommet, où elles peuvent être aussi brusquement coudées, dépassant à peine les thèques, colorées de brun rougeâtre. Chair épaisse de 400 à 500 μ, environ dans la région médiane des réceptacles, comprenant une zone interne filamenteuse d’hyphes sensiblement parallèles et une zone externe pseudoparenchymateuse de cellules souvent subanguleuses, à parois épaisses, fortement colorées de brun.

Caractères chimiques. Melzer : aucun bleuissement au sommet des asques.

Distribution géographique.District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 2091 et 3016bis. — Brésil.

Habitat. Sur les bois et les brindilles mortes, dans les champs indigènes.

Observations. Parmi les espèces à stipe ramifié, ayant l’aspect d’arbuscules, on peut distinguer de l’I. umbilicarioides, d’une part, le Cordierites guyanensis Mont., d’aspect beaucoup plus grêle et qui ne colore pas la solution de KOH et, d’autre part, l’I. Sprucei (Berk.) Dur., qui, bien que colorant de brun pourpré la solution de KOH, est de plus petite taille et a des spores ovales de 5-6 μ × 3 μ.

Genre Peltigeromyces A. Möller

Caractères: Réceptacles cartilagineux-coriaces, minces et de grande taille, attachés au support ligneux par un point central, cupulés, rappelant un Peltigera par leur forme très profondément lobée-déchirée et leur marge fortement enroulée. Thèques cylindracées, octospores, à pore bleuissant à l’iode. Paraphyses ne dépassant pas les asques. Spores minuscules et hyalines. Chair comprenant une zone interne hyaline à éléments renflés et cohérents, une zone moyenne hyaline à filaments grêles, ± gélifiés, enfin une zone externe pseudoparenchymateuse, fortement colorée de brun.

1. Peltigeromyces Goossensii Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 126, fig. 22 (1959). Planche XXXI, fig. 8.

Caractères macroscopiques. Réceptacles groupés-fasciculés ou isolés, de 2,2 à 2,9 cm de diamètre, minces, sessiles à substipités par un court prolongement basal mal défini, de forme irrégulière, d’abord profondément cupulés, puis largement étalés, fortement ondulés et profondément lobés-déchirés, à bords enroulés vers l’intérieur. Hyménium jaunâtre, se salissant de noirâtre en séchant, jusqu’à devenir parfois presque entièrement noir. Face externe noire, souvent très fortement ridée, finement granuleuse. Chair coriace, de 0,4-0,6 mm, ferme, blanchâtre à la coupe, mais avec une mince zone externe noirâtre, colorant de jaune verdâtre la solution de KOH à 5 %.

Caractères microscopiques. Spores minuscules, de 1,5-2,5 μ × 1-1,25 μ ovales à elliptiques, contenant 1, rarement 2 granulations réfringentes. Thèques de 40-50 μ × 3-4 μ, cylindriques, longuement rétrécies vers la base, à 8 spores uni- ou bisériées. Paraphyses grêles (1,5 μ), droites, simples, peu septées, effilées ou arrondies au sommet. Chair à zone moyenne filamenteuse formant un tissu compact qui paraît légèrement gélifié; zone externe pseudoparenchymateuse à terminaisons arrondies, aux parois très épaisses et très cohérentes.

Caractères chimiques. Melzer : bleuissement du pore apical des asques.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 3016.

Habitat. Sur bois mort, dans les champs indigènes.

Observations. Le P. Goossensii se distingue de l’Ionomidotis umbilicarioides par sa forme plus irrégulière et non distinctement stipitée, son hyménium de couleur pâle, sa chair plus coriace à zone moyenne non colorée et composée d’hyphes plus grêles. Il ne teinte pas de brun pourpré la solution de KOH à 5 % et le pore de ses asques bleuit à l’iode.

Tribu OMBROPHILEÆ

Caractères : Réceptacles assez robustes et de consistance molle, entièrement ou partiellement gélatineux. Chair constituée surtout par des hyphes gélifiées.

Un seul genre est représenté, jusqu’à présent, au Congo Belge.

Genre Coryne Tulasne

Caractères. Réceptacles gélatineux, de taille moyenne et de teintes presque toujours purpurines ou violacées. Asques réagissant à l’iode au sommet. Spores relativement grandes, septées à la fin.

1. Coryne turficola Boud., Bull. Soc. Myc. de France, XXI, p. 71, Pl. III, fig. 4 (1905); Le Gal, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXIX, p. 130 (1959). Planche XXXI, fig. 9.

Caractères macroscopiques. Carpophores hauts de 1,5-3,5 cm (sur exciccata), distinctement stipités. Chapeau glabre, légèrement visqueux, violet-rouge assez sombre et nuancé de verdâtre, ondulé-lobé, débordant largement le stipe à la marge, qui est obtuse. Stipe plus pâle que le chapeau, rose-lilacin nuancé de verdâtre, allongé, évasé vers le sommet et effilé à la base, concolore intérieurement. Chair mollement gélatineuse, se liquéfiant légèrement à l’intérieur sur le frais, mais devenant compacte et très dure à la coupe, sur matériel sec.

Caractères microscopiques. Spores fusiformes, parfois un peu arquées, lisses, de 14-23 μ × 4,5-6 μ, hyalines, à contenu polyguttulé, continues ou rarement et obscurément uniseptées à la fin. Thèques de 140-160 μ × 9-11 pt, cylindracées, longuement amincies vers la base et arrondies au sommet, à 8 spores unisériées, parfois bisériées dans la partie apicale de l’asque. Paraphyses nombreuses, droites, simples, parfois anastomosées dans la région basale, de 2-3 μ de largeur, élargies vers le sommet jusqu’à 3-5 y, parfois clavulées ou arrondies en boule jusqu’à 6-7 μ, dépassant peu les asques, légèrement granuleuses.

Caractères chimiques. Melzer : léger bleuissement circulaire, sous l’épais coussinet apical d’inoperculé, avant la déhiscence.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 762.— France et Suisse.

Habitat. Sur le sol de la forêt marécageuse.

Observations. Cette belle espèce, récoltée précédemment dans le Jura français et parmi les sphaignes des hauts-marais du Jura suisse, semble avoir plus d’affinités avec les Leotia qu’avec les autres Discales du genre Coryne.